B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages

Afrique Ouest - SahelAnalyse BlogMissions Opérations

[Commentaire] Niger : une opération moins complexe qu’au Soudan et en Afghanistan. Les raisons

(B2) L'opération d'évacuation des citoyens français et européens est facilitée par plusieurs facteurs structurels et conjoncturels. Cinq éléments peuvent l'expliquer.

Enregistrement des évacués par la gendarmerie prévotale des armées à l'aéroport de Niamey (Photo : EMA COM)

L’opération d’évacuation des ressortissants français et européens du Niger apparait incontestablement moins difficile qu'en Afghanistan à l'été 2021 (lire : Comment se déroule l’évacuation de Kaboul ? Une des opérations les plus complexes de l’histoire récente) ou au Soudan en avril dernier (Sagittaire, Eva Sierra… ! Plusieurs rotations assurées par les Européens).

Premièrement, elle intervient dans un contexte finalement assez pacifié, malgré des tensions politiques réelles entre la junte militaire et la France et quelques échauffourées. Il n'y a pas de combat de rue (comme au Soudan) ou de guerre aux portes de l'aéroport (comme en Afghanistan). Il y a peu de risques d'attentat ou de tir contre un avion.

Deuxièmement, les Européens (Français et Italiens notamment) ont un point d'appui militaire sur place, directement sur l'aéroport. La partie militaire de l'aéroport — la base aérienne projetée 101 pour la force française — jouxte en effet l'aéroport civil Diori Hamani. Ce qui évite d'acheminer sur place des forces en nombre, notamment pour assurer la protection des avions ou des personnels ou tout simplement enregistrer les demandeurs d'évacuation.

Troisièmement, l'aéroport de Niamey est fonctionnel et équipé pour accueillir les passagers. Ce qui change de l'aspect sommaire de la base militaire choisie au Soudan pour l'évacuation.

Quatrièmement, le nombre de citoyens à évacuer est assez réduit — moins de 1000 personnes toutes nationalités confondues —, grâce aussi à la période (certains expatriés étant hors du pays pour les vacances).

Enfin, un seul pays assure la coordination de l'évacuation : la France qui joue le rôle d'entrée en premier. La plupart des pays, se reposant sur ce dispositif, n'ont pas envoyé d'avions sur place. Cela peut paraitre un détail. Mais cela limite à la fois le ballet des avions et finalement facilite la gestion des évacuations.

Il faut préciser également que la répétition en deux ans de plusieurs opérations d'évacuation combinées entre les Européens — Afghanistan août 2021, Ukraine février 2022, Soudan avril 2023 — a aussi un effet d'entraînement non négligeable. Le dispositif de coordination entre les Européens est rôdé par les crises.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®