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Où est passé l’hôpital de crise de Bruxelles ?

(B2) En cas d'extrême urgence, les militaires seraient-ils capables de prendre le relais en Belgique. Pas sûr du tout

En 2016, un centre de tri bien utile au moment des attentats

C'était il y a cinq ans, au moment des attentats de Bruxelles et de l'afflux de blessés en nombre. Passé le moment d'affolement, une bonne idée était née : faire de l'hôpital de Neder-Over-Heembeck le centre de premier accueil puis de tri pour tous les blessés. Aujourd'hui, si pareille situation se reproduisait ce ne serait plus possible, m'affirme-t-on. Au fil des démantèlements, la composante santé militaire a perdu une partie de ses compétences humaines. Un hôpital n'a de valeur que dans un exercice quotidien et répété.

Un grand absent durant la crise Covid-19

Durant toute la crise Covid-19, l'hôpital militaire a été le « grand absent » de la réponse de crise belge. Même si les hôpitaux étaient surchargés, il n'a pas répondu présent. Même pour la campagne de vaccination, son entrée dans la danse est arrivée fort tard, un peu comme un sparadrap, alors que tous les autres centres étaient déjà mis en place et commençaient à bien tourner.

Pourquoi une telle absence ?

Cela tient à une lente dégradation de la condition militaire sanitaire en Belgique. Bien sûr on pourrait remonter aux années 1980, avec six hôpitaux militaires (4 en Belgique et 2 en Allemagne). Mais c'était une autre époque. Celle de la conscription. À l'époque, environ 100.000 Belges étaient sous les drapeaux. La suspension du service militaire en 1992 a fait fondre les effectifs comme neige au soleil. Les hôpitaux militaires ferment alors les uns après les autres. L'hôpital central de Bruxelles se recentre sur quelques tâches : les grands brûlés, la médecine de catastrophe. Pour les soins, les militaires prennent l'habitude de se faire soigner dans les hôpitaux civils. L'intégration (envisagée) un temps de l'hôpital militaire dans le système d'hospitalisation publique est abandonnée. L'hôpital est en train de mourir de sa belle mort.

Pas loin de la fermeture

Sa fermeture est même envisagée clairement. Cela figure dans la note stratégique du ministre Steven Vandeput. Le gong des attentats sauve en fait l'hôpital. La mise en place d'une capacité de triage, avec près de cent blessés reçues, soignés, mis en condition et répartis ensuite sur les autres hôpitaux, montre l'utilité d'une plate forme de crise. Seulement depuis, cette capacité s'est perdue. Faute d'activité. Le statut spécifique des médecins militaires qui leur permet d'exercer dans d'autres hôpitaux a fait perdre de sa substance les hôpitaux. Question de salaire, mais surtout question d'exercice. Un médecin préférera toujours aller où il y a de l'activité.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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