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En Syrie, les observateurs jettent le gant. Les Européens se calfeutrent

observateur à Homs (crédit : ONU/David Manyua)

(BRUXELLES2) La Syrie s'est enfoncée depuis quelques semaines dans une guerre civile larvée . Ce qui a démarré comme une répression a évolué ensuite en un tissu insurrectionnel de plus en plus complexe. Et un conflit qui menace à chaque instant de déborder sur les frontières voisines, semant l'inquiétude au Liban, et l'attention en Turquie (et dans les autres pays environnants). La mission d'observation de l'ONU est arrivée au bout d'un chemin impossible. Le général Mood l'a reconnu aujourd'hui (samedi 16 juin) en suspendant l'activité des observateurs.

La violence et les combats l'emportent

« Il y a eu une intensification de la violence armée à travers la Syrie au cours des 10 derniers jours. Cette escalade (...) entrave notre capacité à mener à bien notre mandat. Le manque de volonté des parties de rechercher une transition pacifique, et l'avancée des positions militaires augmente les pertes des deux côtés : des civils innocents, hommes, femmes et enfants sont tués chaque jour. Cela pose également des risques importants pour nos observateurs. Dans cette situation à haut risque, la Misnus suspend ses activités. Les observateurs de l'ONU n'effectueront plus de des patrouilles et resteront dans leurs bases jusqu'à nouvel avis. (...) Cette suspension sera réexaminée sur une base quotidienne. Les opérations reprendront quand la situation nous permettra de mener les activités (qui nous sont) attribuées. » De fait, on aboutit ainsi à une impasse. La seule présence d'observateurs ne permet pas d'imposer la paix à des parties pressées d'en découvre, et à un pouvoir particulièrement adepte de la duplicité. Protégé par les vetos chinois et russe au conseil de sécurité, le régime Assad abuse de sa situation de monopole armé. Mais paraît de plus en plus incapable de maintenir l'ordre et l'unité du pays.

La communauté internationale divisée, suspendue au veto russe et chinois

La communauté internationale est aussi divisée. On pourrait espérer que la réunion à Moscou des 3+3, autour de la question iranienne ces jours-ci, pourrait permettre d'avancer discrètement sur la question syrienne. Le sujet sera certainement sur la table. Les Russes ne paraissent pas prêts à abandonner le pouvoir syrien, tout au plus vers une transition à d'autres responsables syriens, comme la famille Tlas, de confession sunnite. Sans évolution, la situation risque de s'empirer sur le terrain. Car les Européens ne semblent pas vraiment inquiets... A vrai dire, ils ont surtout d'autres chats à fouetter.

Les Européens obsédés par leur nombril, et la crise de la Zone euro

Obsédés par la situation de la Zone euro et les élections en Grèce, l'Union européenne - qu'on avait beaucoup plus entendue au début de la crise - est un peu aux abonnés absents. La décision prise par le Conseil de l'UE, vendredi, de mettre en place les sanctions sur le luxe et de biens à double usage a quelque chose de décalé voire d'indécent même s'il participe d'une intention louable. Et la suspension de la Misnus s'est ainsi déroulée dans un silence plutôt assourdissant ces temps-ci. J'ai cherché vainement après une réaction aujourd'hui. Mais seules quelques réactions nationales (France, Royaume-Uni,...). La réalité c'est que les Européens sont toujours aussi divisés, comme lors de la crise syrienne. Entre ceux que pourraient tenter une tentation d'intervention militaire (France, Royaume-Uni ) et ceux qui la refusent absolument (Allemagne...), une certaine masse de pays sont, tout simplement, indifférents, voire peu concernés.

Lire aussi :

Télécharger la Déclaration du chef de la Misnus Syrie, le Général Robert Mood

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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