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Pour Noël, n’oublions pas les 200 otages en Somalie

(BRUXELLES2) La mission Eunavfor Atalanta vient d'envoyer un message d'alerte et de soutien pour les 200 marins et plaisanciers qui demeurent otages des pirates en Somalie. Un message qui prend tout son sens à la veille de Noël mais qui est inhabituel tant dans sa forme, que par les problématiques évoquées, et le ton, très politique, employé. Le message se termine, un peu, comme un appel à chacun (et notamment aux responsables politiques) de prendre conscience et d'agir face aux otages, sans tarder.

« Mis à part quelques cas individuels, le sort des équipages marchands, qui représentent la majorité de ces otages, ne retient pas souvent l'attention et n'est pas assez pris en considération. » Il y a actuellement 199 hommes et une femme retenues en Somalie après le piratage de leurs navires « Et tous sont détenus contre leur volonté par des gangs criminels qui comptent les utiliser pour obtenir des rançons. » Une « tragédie humanitaire » dont il est important de souvenir « particulièrement à Noël, un moment où les familles se réunissent normalement », souligne-t-on au QG anti-piraterie de Northwood.

Plus de 2000 marins pris en otage en 4 ans

Depuis le début de l'opération européenne anti-piraterie en décembre 2008, 2317 marins de la marine marchande ont été pris en otage ; la détention durant en moyenne près de 5 mois. Le record de longueur de captivité est le lot des 24 membres de l'équipage du MV Iceberg 1, qui sont toujours détenus, depuis 19 mois.

Le mythe du gentil pirate n'existe pas

Les spécialistes anti-piraterie de l'UE veulent détruire un mythe : celui du gentil pirate. Il paraît aujourd'hui loin le temps où les otages étaient relativement bien traités. « Au moins 60 marins marchands ont péri à la suite de leur captivité aux mains des pirates et de nombreux autres ont souffert de cas de tortures et d'abus physiques. 49 otages sont actuellement détenus sans un navire », soit que leur navire ait coulé, soit qu'il ait été abandonné. « Leur avenir est moins clair et leur valeur est (souvent) considérée comme inférieure à celle d'un navire ».

Nouvelle tactique de négociation des pirates

Les « gangs criminels » ont adopté une nouvelle tactique précise d'Eunavfor : ils «acceptent le paiement d'une rançon pour le navire et son équipage mais retiennent ensuite en otage une partie de l'équipage qu'ils comptent monnayer en échange de la libération des pirates somaliens condamnés dans le pays d'origine des membres de l'équipage ». Actuellement 4 Sud-coréens et 7 Indiens du MV Gemini et du MV Asphalt Venture sont ainsi retenus en otage après la libération de leurs navires.

Autre tactique. Certains navires - il y en actuellement 3 comme cela - sont abandonnés sur la plage, ce qui peut créer une source de pollution potentielle, tandis que leurs équipages, totalisant 54 hommes, sont toujours en captivité. Le Shiuh Fu No.1 piraté à la Noël 2010, a ainsi été abandonné sur la plage « tandis que le sort de l'équipage de 13 Chinois, 12 Vietnamiens et un Taiwanais reste inconnu ».

Un appel à régler la question des otages

« La piraterie dans l'océan Indien nous touche tous » conclut le QG de l'opération qui entreprend ainsi une opération de sensibilisation. « Elle ajoute un prix significatif pour chaque baril de pétrole et chaque conteneur qui passe dans la région. (...) À plus long terme, les causes profondes de la crise la piraterie doivent être résolus au sein de la Somalie. Mais à l'heure actuelle, c'est la situation de 200 otages (qui) reste incertaine. » Un vrai appel aux autorités politiques à régler cette situation.

Le message original (en anglais)

(crédit photo : Eunavfor Atalanta)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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