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Cathy reste… pour l’instant

(BRUXELLES2) C'est une tradition depuis la création de ce blog. Il y a deux ans les cabines blindées de traduction, l'année dernière l'A400M pour l'Union européenne, cette fois Cathy Ashton, avec des éléments et un petit accent de vérité, je le reconnais. Certains seront sans doute soulagés, d'autres inévitablement déçus. Mais la Baroness est toujours à son poste, double, de commissaire européen et Haut représentant. Et son mandat est, bien, de cinq ans (et non de deux ans et demi). Il se termine en novembre 2014, à moins que d'autres évènements en décident autrement.

Une personnalité contestée

On pourra disserter longtemps sur cette personnalité, discrète et pas très efficace, contestée et critiquée par de nombreux ministres et diplomates, meilleure dans les joutes oratoires parlementaires (son expérience à la Chambre des Lords) ou dans des discussions de tête à tête que des discussions stratégiques, son manque d'appétance pour certains enjeux diplomatiques, sans parler de son ignorance (dans les deux sens du terme : innocence/obscurantisme) des outils de la politique de sécurité européenne... Si Cathy Ashton est pugnace et plus fine politique qu'elle n'y parait, elle devra aussi prendre garde, ne pas ignorer les clignotants qui se multiplient et s'engager dans des mesures énergiques pour faire évoluer à la fois sa pratique et son organisation. Un reshuffling paraît nécessaire. Et ce n'est pas le changement, cosmétique, d'un porte-parole par ci ou d'un conseiller par là qui pourrait suffire. Si les premiers 18 mois ont été "pourris", les suivants risquent de l'être aussi.

De sérieux "bugs" dans le poste

Il faut aussi être juste et reconnaitre toute la difficulté et l'ampleur de la tâche à laquelle est confrontée la Britannique. On ne lui facilite pas la tâche, sans doute. Mais c'était plutôt à prévoir et c'est l'art de la politique... Cathy Ashton essuie, surtout, les plâtres d'un dispositif, très beau sur le papier - la fusion des postes de Haut représentant et vice-président de la Commission européenne - qui présente quelques sérieux bugs dans la réalité du fonctionnement quotidien. Il faudrait être aveugle pour ne pas le constater. Il importe de réfléchir, calmement, sans a priori de personnes, à un aménagement structurel de ce dispositif. Faute de quoi, on risque de voir cette faiblesse perdurer.

Lire également : La diplomatie européenne coincée entre deux ambitions

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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