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Violents incidents à Bangui. Plusieurs blessés chez EUFOR RCA et Sangaris (maj3)

éléments de la compagnie Gris (Sangaris) aux abords du marché Fatima à Bangui le 20 août (Crédit : Défense française)
éléments de la compagnie Gris (Sangaris) aux abords du marché Fatima à Bangui le 20 août (Crédit : Défense française)

(BRUXELLES2 - exclusif) Les violents incidents qui se sont déroulés toute la journée au PK5 (le point kilométrique 5), dans le troisième arrondissement de Bangui (à majorité musulmane) ont fait plusieurs blessés parmi les militaires internationaux chargés du maintien de la paix dans la capitale centrafricaine.

12 militaires blessés dont 3 plus sérieusement atteints (*)

Selon nos premières informations, la plupart des militaires engagés et atteints seraient des Français appartenant soit à la force européenne EUFOR Rca, soit à l'opération française "Sangaris". Certains des militaires touchés l'ont été directement. D'autres souffrent davantage de troubles auditifs, dus à l'effet de souffle. La force européenne EUFOR Rca compte dans ses rangs cinq blessés, dont un serait sérieusement atteint, ainsi que 4 autres militaires "sonnés". Tandis que l'opération Sangaris décompte au moins un soldat plus sérieusement atteint selon l'échelle médicale. Interrogé par B2 l'Etat-Major des armées n'a pas souhaité confirmé immédiatement le bilan. Celui-ci n'a été confirmé que le lendemain, jeudi. Sangaris compterait 3 blessés. « immédiatement été pris en charge par les services médicaux présents sur place ». Deux d'entre eux rapatriés en évacuation médicale vers la France, où ils sont actuellement traités, ainsi qu'un des soldats d'EUFOR. Mais « le pronostic vital ne serait pas engagé ».

Des heurts dans la nuit qui se sont prolongés toute la journée

Les premiers heurts avaient commencé, dans la nuit de mardi à mercredi, aux alentours de minuit. Les militaires avaient été violemment pris à partie. Ils ont repris dans la journée de mercredi, après des manifestations de mécontentement, mais aussi la présence d'hommes apparemment armés, du moins plus lourdement que d'habitude. Les militaires ont, en effet, été atteints à la fois par des tirs d'armes légères et par une grenade qui a explosé, blessant grièvement un soldat français. « Au cours de la nuit de mardi et durant la journée de mercredi, EUFOR a été attaquée par un groupe non identifié avec des armes légères » a confirmé le général Ponties dans un communiqué publié par son porte-parole, jeudi en début d'après-midi (télécharger ici). « Après les évènements de la nuit, deux groupes de manifestants sont venus en confrontation. Une unité de police de EUFOR, appuyée par des éléments du bataillon multinational de EUFOR ont tenté de séparer la foule quand ils ont été attaqués à coups de grenades et d'armes légères par des extrémistes et des criminels qui se tenaient en marge des manifestants ». Et d'ajouter : « Les assaillants inconnus ont fui lorsque les forces de maintien de la paix ont répondu en légitime défense ».

Tirs, jets de grenade et même un tir de roquette

« Alors qu’elle patrouillait dans le secteur de PK-5 dans le cadre d’une mission courante de contrôle de zone visant à garantir la protection de la population, une section de la force Sangaris a été prise à partie par des éléments d’un groupe armé vers 9h30, essuyant en particulier des jets de grenades » a confirmé l'Etat-Major des armées jeudi. « Elle s’est alors déployée et a bénéficié vers 10h du renforcement de moyens héliportés ainsi que d’éléments venus du camp de M’PoKo (NB : près de l'aéroport). Vers 11h, les éléments de la force Sangaris ont, de nouveau, été violemment pris à partie par des individus armés et ont dû riposter à de nombreux tirs d’armes d’infanterie, ainsi qu’à des jets de grenades et (même) un tir de roquette anti-char. Ces accrochages ont duré jusqu’à 13h45. »

Situation stabilisée

Cejeudi, « malgré les tensions, la situation dans la capitale est aujourd’hui stabilisée » conclut un communiqué de l'Etat-Major. « La situation dans Bangui est maintenant calme, mais elle reste tendue. Les éléments de la force Sangaris poursuivent leur mission dans la capitale en appui de la MISCA et en coordination avec l’EUFOR ».

Engagement maintenu

Le commandant d'EUFOR, le général Ponties, a également confirmé le plein engagement d'EUFOR RCA. « EUFOR RCA reste complètement engagé à remplir son rôle avec détermination et impartialité, en étroite coordination avec la Mission de l'Union africaine (MISCA), les forces françaises et les forces intérieures centrafricaines ». Le porte-parole de la Haute représentante de l'UE (Catherine Ashton), Sebastien Brabant, a tenu à souhaiter un « prompt rétablissement » aux blessés et rappeler « l'engagement plein et entier de l'UE à la stabilisation et à la transition en RCA ».

Pas le premier incident

Ce n'est pas la première fois qu'un incident se déroule pour les forces EUFOR. Trois militaires avaient ainsi été blessés, plutôt légèrement, en juillet dernier (Lire : Trois militaires français d’EUFOR Rca blessés à Bangui). Mais celui-ci semble un peu plus grave que les précédents du moins pour la force européenne. Le général Ponties qui commande l'opération européenne avait averti, dès son lancement. La situation est totalement « imprévisible et peut se détériorer très rapidement » (Lire : Situation à Bangui : calme mais tendue, volatile et imprévisible (Gén. Ponties).

2700 Français et Européens

Déclarée opérationnelle en juin 2014, l'opération EUFOR RCA compte environ 700 militaires d'une douzaine de nationalités déployés dans le pays, dont des Français, Géorgiens, Espagnols, Estoniens, Lettons, Finlandais, etc. Déployée depuis décembre 2013, la force Sangaris compte environ 2000 militaires - selon les sources officielles - pour toute la Rép. Centrafricaine tandis que la Misca - la force de l'Union africaine - regroupe 6000 militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(Mises à jour : Mer 19h50 premier bilan - Jeu 13h confirmation et détails Etat Major français + 15h confirmation, détails et commentaires de EUFOR et du porte-parole de l'UE)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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