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EUFOR Althea. Quand un officier dérape et fait du chantage à l’information

(B2) Le décès d'un militaire dans l'opération EUFOR semble mettre tout le monde sur les charbons ardents. Nous avons demandé confirmation à l'officier de presse de la mission. Sa réponse a été des plus surprenantes

La force européenne rassemblée sur le camp Butmir (crédit : EUFOR Althea)

Ayant reçu l'information par divers canaux, notamment de la façon la plus officielle qui soit (le ministère bulgare de la Défense), nous avons bien entendu chercher à confirmer l'information et obtenir des détails.

Une mort par arme à feu dans une base européenne, ce n'est pas courant. Quand, en plus, elle survient le jour-même de la visite du président du comité militaire sur place, il y a de quoi s'interroger.

Nous avons donc rédigé un premier papier (lire : Un militaire bulgare retrouvé mort par arme à feu au camp Butmir), mis à jour ensuite avec les informations sur une équipe du parquet bulgare détachée sur place.

Sa seule réponse (samedi, au bout de quelques heures) a été de demander qui était le rédacteur en chef de B2.

« As it cannot be found on your website, can I ask who the editor of B2 is ? »

Puis, dans un mail incendiaire, deux jours plus tard, lundi (2 novembre), il se déchaîne et met un 'blackout' sur B2. Ce qui aboutit à un déni d'information très clair. Je vous laisse la lecture du mail.

We are responding to you with disappointment about your questions about the death of a Bulgarian soldier, your belittling comments about EUFOR in the B2 article on the same issue and for your manner in answering our simple request for information below.

The information you sought and the way you asked questions about the death were insensitive and unprofessional. A death of this nature is saddening for all of us in this mission. We view it as a national matter for the country involved and we respect the privacy of them in how they choose to deal with it. That is why EUFOR did not publicly release any information.

We do not appreciate the wording of the following extract of your article ‘The operation, which nevertheless loves to publish photos of all its events, even the most insignificant (medal ceremony, etc.), has not made any communication on the subject.’ Referring to the awarding of the CSDP medal to members of European military personnel who give their time, effort and dedication to help BiH as ‘insignificant’ shows a lack of respect for what EUFOR does and to military personnel who serve here.

Your conduct, and that of B2, has been extremely unprofessional and an example of a news agency trying to sensationalise something to attract readers. Please do not expect us to be forthcoming or to have co-operation with B2 going forward based on this and the overly confrontational tone of the below mail to a simple request for information.

Jusqu'à nouvel ordre, il serait bon aux autorités européennes et de l'OTAN — puisque cette opération est la seule qui soit placée sous le champ des accords de Berlin Plus, commandée depuis le Shape par un officier général (français) et sur place par un général autrichien, de rappeler aux militaires chargés de l'information qu'ils ne sont pas chargés de la censure de la liberté de la presse, mais de répondre aux questions légitimes que se pose la presse.

Depuis que ce blog existe, cela fait bien longtemps que nous n'avions pas reçu une telle missive aussi comminatoire. Est-ce le fait que l'opération est dirigée sur place par le général Plazter un ancien militant du FPÖ, le parti de la liberté, classé à l'extrême-droite de l'échiquier politique (lire : Un militant du FPÖ prend la tête d’EUFOR Althea) ? Est-ce que ce décès n'est pas aussi simple ou naturel qu'il soit ? Est-ce que la nervosité gagne les rangs des militaires alors que le renouvellement du mandat de l'opération est à l'agenda du Conseil de sécurité des Nations unies (ce mercredi 3 novembre) ? On peut se poser beaucoup de questions.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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