Une dramaturgie de la solidarité européenne
(BRUXELLES2) Les attentats de Paris début janvier, de Copenhague et de Tunis en mars, l'accident d'avion de la GermanWings... depuis quelques mois se succèdent des évènements dramatiques qui procèdent de la dramaturgie européenne.
A chaque fois, de façon plus ou moins intense, les dirigeants européens se rassemblent, présentent leurs condoléances, commémorent, mettent les drapeaux en berne et manifestent leur unité. Et la presse de la plupart des pays d'Europe en font un évènement de premier plan.
A Paris, la marche du 11 janvier a été un moment très fort de cette solidarité. La marche de Tunis devrait l'être également aujourd'hui (29 mars). La venue rapide des deux dirigeants européens les plus concernés, Angela Merkel et Mariano Rajoy aux côtés de François Hollande, mercredi dernier (25 mars), à proximité du crash de l'A320 à Seyne les Alpes, est également symbolique.
Ces évènements sont cependant très différents dans leurs fondamentaux : deux attentats commis sur un territoire national (Paris & Copenhague) touchant des ressortissants nationaux mais ayant une visée symbolique externe (toucher le mode de vivre européen) ; un attentat hors d'un territoire européen (musée Bardo à Tunis) mais touchant et visant principalement des ressortissants européens ; un accident d'avion sur un territoire national impliquant une compagnie et faisant des victimes essentiellement européennes (Crash de l'A320).
Cette dimension solidaire n'est pas automatiquement nouvelle. Lors des attentats de Madrid en 2004 et de Londres en 2005, il y avait eu également ces manifestations de solidarité dans des moments dramatiques. Mais, rarement, la séquence n'avait été aussi rapprochée, pour des évènements à tonalité très différente. Et il y a comme une volonté de se retrouver, tous ensemble, unis face à l'adversité ou un adversaire, de se sentir soutenu. Cette dimension européenne ne crée par pour autant un sentiment de citoyenneté européenne mais elle y participe indirectement. Et, de façon très concrète, également, elle illustre politiquement la "clause de solidarité européenne", incluse dans le Traité de Lisbonne, mais jamais déclenchée officiellement.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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