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[Entretien] L’Estonie forme une ligue de cyberdéfense et participera à l’opération au Mali (Reinsalu)

(BRUXELLES2) Le ministre estonien de la Défense, Urmas Reinsalu, ne s’est pas contenté de décrire pour B2 les menaces avec la Russie (Lire : La Russie présente toujours une menace pour l’Estonie), il a aussi décrit les réformes et préparations de l’armée estonienne.

L’armée estonienne : service militaire et forces de réserve

« Pour l’Estonie, avoir un service militaire est la voie la plus rentable. (…) Financièrement, «un si petit pays a encore besoin d’être prêt à répondre à des attaques conventionnelles et nous ne pouvons nous permettre financièrement d’avoir une armée professionnelle permanente.» L’armée estonienne est forte de 4000 hommes en temps de paix (300 pour l’armée de l’air, idem pour la marine, le reste dans l’armée de terre).

«Les forces de défense sont extrêmement populaires en Estonie. On leur fait confiance. Les gens sont prêts à défendre leur pays. Historiquement, nous avons été plus longtemps occupés que libres.» L’année prochaine, ces forces recruteront également des femmes au service militaire. Pour l’instant elles n’ont accès qu’à l’armée professionnelle.

« L’une de nos priorités – explique le Ministre – est de former une capacité militaire de réaction rapide, mais ce qui nous importe aussi est d’avoir une armée de réservistes forte.» C’est-à-dire la Ligue de Défense du pays (Kaitseliit), qui est une force paramilitaire associée au gouvernement et d’environ 22.000 hommes volontaires (en comptant ses organisations parallèles – sinon elle compte stricto sensu plus ou moins 13.000 volontaires) prêts à répondre à l’appel de la Nation.

Une ligue de Cyberdéfense

«Nous avons également formé une Ligue de cyberdéfense, sur la même structure que la Ligue de défense.» Composée de volontaires venant du secteur bancaire, de compagnies énergétiques…etc, elle compte environ une centaine de personnes. Celles-ci préparent les différents scénarios, formalisant la réponse de 2007, qui s’était construite sur une base ad hoc. Le but est de lier les infrastructures privées avec l’organisation du gouvernement.

Budget : 2% du PiB

En 2012, 2% du PIB ont été dédiés à la défense. Ce budget devrait augmenter en 2013. L’Estonie veut acheter de nouveaux systèmes d’armes, améliorer sa politique pour les vétérans et mettre en place une réforme des salaires pour les soldats. Quant à de nouveaux équipements, «notre priorité est maintenant  d’acquérir un contrôle total de notre surveillance aérienne.» L’année prochaine, la priorité sera mise sur les armes portatives et les uniformes mais aussi pour des réserves de mines et de munitions.

Océan indien et Mali : deux champs d’intervention de l’armée estonienne

Le ministre estonien de la Défense estime que la participation estonienne dans certaines opérations est important. La présence de VPD à bord de l’opération Eunavfor Atalanta, «C’est le symbole de notre coopération avec la France

Quant à la situation au Mali, il estime « que la situation au Mali est très sérieuse. Nous soutenons entièrement le fait d’utiliser les outils de la PSDC afin de solutionner la situation et les préparatifs pour une mission européenne sont en cours.» Nous n’avons pas dépassé les discussions  formelles. «Mais nous étudions la situation très sérieusement.» L’Estonie envisage ainsi sérieusement d’envoyer des instructeurs et «du personnel».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).