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La Monusco doit remplir son mandat de protection des civils

(BRUXELLES2) Le point "Congo" ne figurait pas à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères aujourd'hui (19 novembre). Et c'est la Belgique - soutenue par la France - qui a insisté pour avoir un débat entre ministres. « Ce point intéresse peu (mes collègues). Le dossier afrique centrale disparaît très vite de l’agenda quand il y a d’autres préoccupations » a reconnu D. Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères, à la sortie du Conseil se confiant à quelques journalistes (dont B2).

Le Rwanda mis en cause sans le dire

L’Union Européenne a donc condamné les violences perpétrées par le M23 à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) et appelé à une solution politique au conflit. L'UE n'a pas cité nommément le gouvernement rwandais mais celui-ci a été mis en cause indirectement en faisant référence au rapport de l'ONU du comité 1533. Elle a ainsi condamné de manière générale les soutiens externes aux rebelles. « Tout soutien au M23, en violation au régime de sanctions et à l'embargo sur les armes doit cesser » a déclaré Catherine Ashton, la Haute représentante pour les Affaires étrangères, précisant que l’Union était prête, dans les prochaines semaines, à suivre ses partenaires internationaux et à étudier plus précisément la mise en place de sanctions. A noter que seul le M23 a été condamné expressément alors que dans la région du Nord-Kivu notamment, plus d'un groupe de rebelles commet meurtres et atrocités. « La rébellion du M23 a relancé d’autres rébellions qui renaissent de leurs cendres et commettent des exactions. Mater la rébellion du M23 permettrait aussi de diminuer l’intensité des autres groupes ».

Le Congo doit accélérer sa réforme

Les 27 ont également pointé du doigt le manque de volonté de la part de Kinshasa, demandant au gouvernement d'accélérer la réforme des secteurs de la défense et de la police, notamment en lui rappelant l’importance du soutien des missions européennes de sécurité (EUSEC) et de police (EUPOL).

Et la Monusco doit être plus efficace

L'UE a également demandé à la mission de l'ONU déployée dans le pays, la MONUSCO, à « jouer un rôle actif dans la région comme lui permet son mandat ». Terminologie assez aimable pour lui demander aux près de 16.000 militaires qui la composent de faire leur travail. Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a été plus net. « La Monusco a un rôle de protection des populations civiles. Si Goma chute, on peut quand même se poser la question du respect de son mandat. Il faut renforcer la Monusco, changer son statut, son mandat » a-t-il expliqué. « Il y a une capacité de 2000 hommes - qui pourrait être dégagée. (Mais) cela n’a de sens que si on donne une capacité plus offensive contre les rebelles. » Il a aussi tiré une leçon du passé. « Il faut éviter des négociations et la réintégration dans l’armée. Cela ne sert à rien d’aller vers l’intégration de rebelles qui en ressortent ensuite. »

A l'UE de mettre au point une stratégie "Grands lacs"

Les 27 ont également demandé au service diplomatique européen (SEAE) et à la Commission de mettre sur pied une approche stratégique européenne. Une sorte d’approche globale à l’image de la stratégie mise en place au Sahel ou en Somalie.

Les ministres appuient aussi formellement la nomination d’un envoyé spécial de l’Union Africaine et invitent les Nations-Unies à nommer son propre représentant spécial afin de faciliter le dialogue régional.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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