Au menu des ministres de la Défense les 16 et 17 novembre: Somalie et Traité de Lisbonne
(BRUXELLES2) Les 27 ministres de la défense de l'UE se réunissent les 16 et 17 novembre à Bruxelles, en même temps que leurs homologues des Affaires étrangères et du Développement. Au menu de leurs discussions, deux sujets principaux : la Somalie et l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Sten Tolgfors, le ministre suédois de la Défense, qui présidera la réunion a envoyé une petite lettre à ses homologues pour leur indiquer le programme.
Capacités de réaction
La réunion commence lundi, à 18h, par une séance "jumbo" (affaires étrangères et Défense) avec le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Mais l'essentiel du travail aura lieu le mardi (17 novembre). Les ministres de la Défense débuteront par une réunion en format "Agence européenne de défense" (le conseil d'administration de l'Agence est formé des 26 ministres de la Défense - moins le Danemark en mode dérogatoire - et présidé par le Haut représentant, Javier Solana). Objectif : définir le programme 2010 de l'agence et son budget (1). Puis ce sera l'examen (classique) des opérations et des capacités militaires. Plusieurs rapports vont ainsi être examinés sur le développement des capacités tant militaires que civiles de la PESD, ainsi que le traditionnel rapport semestriel sur la PESD qui fait le bilan et dresse les points sur l'avenir. Une note permettant de renforcer la flexibilité des Battlegroups sera également
approuvée (lire des Battlegroups plus souples)
Opération(s) Somalie, au pluriel ?
Côté opérations, le point le plus sûr est la reconduction de l'opération européenne anti-piraterie Atalanta avec analyse du bilan d'un an de déploiement, ainsi qu'une discussion sur la possible extension du mandat, sur plusieurs plans. 1) Au niveau géographique, la question des attaques hors zone d'Atalanta, au sud vers le canal du Mozambique et, surtout, à l'est des Seychelles pourrait conduire à une modification de l'OpPlan. 2) Au niveau opérationnel, comme le demandent les Espagnols, l'inclusion des navires de pêche dans l'objectif d'Atalanta, et surtout l'emploi plus important de VPD ou EPE (équipes de protection embarquées à bord des navires) permettant de protéger tous les navires fragiles. 3) Au niveau stratégique, une discussion plus complexe pourrait tourner sur la stratégie à suivre : plusieurs Etats, comme l'Espagne et la Belgique, plaident pour une opération plus robuste, allant jusqu'à bloquer les ports d'où partent les pirates. sur initiative espagnole (lire aussi : les problèmes espagnols, à suivre : la position Belge).
Une décision pourrait être prise concernant un cadre plus large d'opération envers la Somalie. Cela pourrait commencer par une opération de formation des forces de sécurité somaliennes. Un dernier papier d'option est en discussion dans les groupes de travail. Mais certains Etats restent toujours réticents et préféreraient que cela s'inscrive dans un cadre plus global. Bref, tout n'est pas encore parfaitement prêt. Faute d'accord unanime, les 26/27 pourraient se contenter de réaffirmer leur intention de lancer l'opération en approuvant le concept de gestion de crise. (Lire: Eusec Somalia aura pour objectif de former 2000 soldatset La nouvelle mission de la PESD, "Eusec Somalia", se dessine)
Bosnie-Herzégovine
Concernant l'avenir de l'opération en Bosnie-Herzégovine (Althea), et sa transformation en une opération militaire non exécutive, de format réduit (200 personnes), tout est suspendu à la décision du Pic (qui se réunit le lendemain, le 18 novembre). Et la discussion aura davantage lieu l'après-midi avec les ministres des Affaires étrangères. Ces derniers devraient se pencher sur l'évolution de la situation en Serbie et sa coopération avec le tribunal pénal international. Le procureur Serge Brametz a rendu un avis favorable et le gouvernement néerlandais - seul pays à avoir mis un veto à la signature d'un accord de stabilisation avec Belgrade - semble évoluer. Si ces deux obstacles sont levés, la voie pour la candidature de la Serbie à l'Union européenne est ouverte. Ce qui devrait avoir un effet sur la république voisine de Bosnie-Herzégovine.
Traité de Lisbonne
L'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne sera bien sûr au coeur de toutes les discussions, tant entre les ministres de la Défense qu'avec les Ministres des Affaires étrangères. C'est à ce niveau que le Traité aura d'ailleurs le plus d'implication. Plusieurs questions ont déjà été réglées comme la future présidence des groupes de travail. Mais "plusieurs autres sujets restent à être discutés et mis en oeuvre" indique Sten Tolgfors, comme la coopération renforcée permanente notamment (2). Le point essentiel - le nom du futur Haut représentant qui présidera dans le futur le Conseil des Ministres des Affaires étrangères (après la présidence espagnole) - ne sera pas (officiellement) abordé. Mais il est certain que quelques discussions de couloir auront lieu. Qui sait ? Peut-être un de ceux qui siégeront autour de la table les 16 et 17 sera désigné le 19 suivant (jour du sommet) par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement comme Haut représentant !
Autres sujets évoqués
Ll'Afghanistan - et le renforcement de la mission EUPOL ainsi que la nomination du gouvernement - sera également au centre de la réunion qu'auront les ministres des Affaires étrangères et du développement. La Russie sera discutée par les Ministres des Affaires étrangères, au dîner le lundi, en vue du sommet Ue-Russie qui aura lieu mercredi (18 novembre)
(1) Les Ministres devraient ainsi lancer le programme d'entraînement des hélicoptères, signer la lettre d'intention pour la flotte européenne aérienne de transport, ainsi qu'un cadre commun de coopération pour la recherche en matière de sécurité et de défense. Deux déclarations politiques sur "European Military Airworthiness Requirements" et le "Level Playing Field for the European Defence Equipment Market" devraient également être approuvées.
(2) lire : La Coopération structurée permanente : ouuh la la la ! C'est urgent d'attendre...