Dernier baroud d’honneur des opposants à Barroso
Tour à tour, deux des opposants les plus résolus à la reconduction de José-Manuel Barroso au poste de président de la Commission européenne sont venus devant les
journalistes, ce mardi matin au Parlement européen de Strasbourg.
Martin Schulz (Socialistes & Démocrates) : "on ne peut pas trouver plus servile que Barroso"
Martin Schulz, le leader des Socialistes et démocrates, se voulait offensif. Même si on ne le sentait pas à l'aise sur son groupe. Ce dont il ne s'est pas caché : "j'ai un grand
problème, la famille sociale-démocrate est divisée. Des Premiers ministres socio-démocrates sont pour la nomination de Barroso. Et je les comprends". Puis d'ajouter "J'avoue si j'avais été
Premier ministre, moi aussi, on ne peut pas trouver plus servile que lui (Barroso)." Il a ensuite lancé un avertissement au président de la Commisssion "Nos 184 sièges sont
indispensables pour une majorité, sauf à chercher une majorité à l'extrême droite". Et de s'interroger : "quelle valeur aura cette majorité formée avec les pires eurosceptiques".
Le groupe libéral commence tigre, finit carpette. Au passage, il a donné une petite tape au groupe libéral "qui se voulait tigre et se montre carpette".Un message qui a
aussi, et surtout, valeur d'avertissement pour une partie de ses propres troupes, tentées de voter pour Barroso. Car pour Schulz, a priori, c'est clair : "nous ne voterons pas pour lui
(Barroso). Ce n'est pas notre candidat. C'est le candidat des chefs d'Etat et de gouvernement, et de droite".
Ce que l'on veut : un changement d'orientation. Et Martin Schulz, au long du dialogue avec les journalistes, a martelé son message : "je ne veux pas parler des personnes mais du
contenu". Du moins qu'il n'a pas confirmation d'une évolution plus nette que "quelques paroles en réunion". Ce que nous voulons c'est un "changement d'orientation. Il faut que cette
Europe doit aller vers une Europe plus sociale. (Et non vers une société) où quelques banques encaissent des bonus tandis que la majorité des salariés s'appauvrit." "Si le président,
pardon, le candidat, s'engegait sur un objectif "à salaire égal, travail égal", qu'il en faisait la ligne forte de son programme pour 5 ans, là ce serait différent".
NB : le leader socialiste n'a pas voulu confirmer le chiffre de 40-50 socialistes prêts à voter pour Barroso, il s'est même montré un peu agacé des
questions des journalistes sur ce point. Et on le comprend. Ce vote "pour" pourrait ainsi se transformer en abstention. De même qu'une partie des votes contre. De fait, selon la confidence d'un
député socialiste, la consigne du groupe pourrait être l'abstention.
Cohn-Bendit : nous allons nous battre contre la candidature de Blair (comme président du Conseil européen)
Puis est venu le tour de Dany Cohn Bendit, le Vert. Celui-ci était bien plus détendu. Son groupe est plus uni sur cette question. Il a toujours été opposé à la fois à la personne de
Barroso et au vote actuel, estimant qu'il fallait le repousser à plus tard, après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Et "les évènements nous donnent raison", a-t-il expliqué.
On ne peut pas changer les règles à la mi-temps. Pour lui c'est clair : "Il fallait attendre le résultat du référendum en Irlande, prolonger la Commission actuelle, surtout à la veille
de deux rencontres cruciales, le G20 et le sommet de Copenhague. Ce n'est pas avec de nouveaux commissaires que l'on pourra avoir une position européenne forte. Les commissaires actuels ont une
certaine expérience et l'habitude de fonctionner en collège. (...) Et procéder à la nomination de la nouvelle nomination sous une seule règle. Le Traité de Lisbonne (s'il est approuvé par les
Irlandais". "On ne peut jouer la première temps sous une règle et changer la règle pour la deuxième mi-temps. On marche sur la tête" a-t-il expliqué.
Contre la candidature de Blair. Le leader des Verts a dénoncé aussi les tractations en coulisses de Tony Blair pour le poste de président du Conseil européen. "Un Tony Blair qui fait
actuellement sa campagne pour sa nomination." Et dont se préoccupent actuellement les chefs d'Etat. "Que croyez-vous que Sarkozy discute avec Zapatero. Du G20 ou de Copenhague. Peut-être un
peu. Ce qu'il voulait surtout savoir. C'est si (Felipe) Gonzalez se présente au poste du Conseil". "Nous allons nous battre contre Blair" a-t-il ajouté. Au passage, Cohn-Bendit s'est
inscrit en faux contre la position de son prédécesseur à la tribune de presse, celle du "grand président Schulz Tsé Toung !!" a-t-il ironisé. Pour lui, la politique européenne se fait
d'abord avec des personnes. "Le rôle du président de la Commission est d'avoir des personnalités dans un chapeau et de leur donner du contenu". Pour lui la solution reste : "d'attendre le
résultat du vote des Irlandais, de prolonger la Commission actuelle jusqu'à l'entrée en vigueur de Lisbonne et de voter le président de la Commission et la Commission sous une même règle, celle du
Traité de Lisbonne"
Commentaire : la jauge pour le vote de Barroso. Pour Barroso comme pour les parlementaires, maintenant, la question n'est pas de savoir si Barroso va l'emporter. Mais de combien. Est-ce
qu'il passera le seuil de la majorité absolue (369 sièges aujourd'hui) ? De quel écart va-t-il l'emporter ? Et de quel volume seront les abstentions (surtout si une large partie des socialistes
s'abstiennent) ? Ce sont ces trois données qui donneront la valeur de la solidité de sa candidature pour le reste des évènements (la nomination des commissaires risque d'être très agitée en cas de
vote serré). Selon les derniers chiffres, mardi matin, Barroso décrocherait une majorité d'au moins 340 sièges. Soit une majorité relative confortable.