Les contours de la reconfiguration de l’opération en Bosnie
Lors de la réunion entre les ambassadeurs européens du COPS et leurs homologues euro-atlantiques de l'Otan (NAC), lundi 27 octobre, figure un sujet à l'ordre du jour : l'avenir de l'opération en Bosnie-Herzégovine (Eufor Althea). Mis en place au lendemain des accords de Dayton - sous les couleurs de l'Otan (Sfor), celle-ci est passée - en décembre 2004 - sous commandement européen, en utilisant les structures de commandement de l'Otan (selon les accords Berlin Plus).
Situation politique interne agitée mais sans risque sécuritaire. Aujourd'hui, pour nombre de pays européens, soumis à des demandes d'intervention croissantes - en Afghanistan ou au Tchad - il est temps de clore leur engagement, qui n'a plus "lieu d'être dans un pays qui va être adhérent à l'Union européenne". Et parce que d'un point de vue strictement militaire, cette opération n'a plus de justification, car "les objectifs ont été atteints". Seuls les pays riverains - comme l'Italie ou la Grèce - ont quelques doutes, eu égard à la stabilité du pays. Et effectivement, on peut craindre certaines dérives. Les partis politiques extrémistes se livrant actuellement à une surenchère nationaliste. Mais "ce n'est pas parce qu'il y a des problèmes politiques dans un pays qu'on doit y conserver une force militaire" estime un diplomate européen. Quant à la réalité de la menace, ajoute un autre, "Il est difficile aujourd'hui de savoir si la rhétorique politique - assez malsaine qui règne en Bosnie où des hommes attisent les conflits ethniques - dégénère en risque sécuritaire".
La nouvelle force : 200 personnes sur le soutien à l'armée. La ligne directrice de la future mission tourne autour de trois considérations : "a) manifester politiquement que l'UE reste engagée dans la région, b) y compris avec des moyens militaires, c) en gardant un objectif utile". Sur cette base, le scenario envisagé consisterait à garder une mission militaire de taille très réduite - environ 100 à 200 personnes (contre 2200 aujourd'hui) - davantage destinée à consolider, entraîner et former l'armée bosnienne (1). Une tâche qui relève ordinairement des missions "civiles" de la réforme du secteur de sécurité" (déjà en place en Guinée-Bissau ou au Congo). Dans le cas de la Bosnie, le format de la mission restera militaire.
Avantage : dissuasion et possible remontée en puissance. Cette option présente deux avantages (sur la transformation en mission civile). 1° L'UE conserverait ainsi une base militaire dans la région, propre à éviter toute impression de désengagement, et de nature dissuasive. 2° Le maintien d'une force militaire permet - le cas échéant - si la situation s'aggrave - de remonter rapidement en puissance. A tous points de vue (opérationnel, diplomatique, juridique et économique), il est toujours plus facile d'étendre une opération que d'envisager une nouvelle opération. Le Concept et Plan d'opération (Conops et OpPlan) devraient d'ailleurs prévoir cette facilité de remontée en puissance.
Les Battlegroups en renfort. En cas d'urgence, les "Battlegroups seront appelés" à la rescousse. Composés de minimum 1500 hommes, chacun, cette option permet un retour rapide au format de l'opération actuelle. Voire plus. Puisque l'UE dispose de deux battlegroup de 1500 hommes de permanence. Ils peuvent intervenir pour une durée de quatre mois maximum, ce qui est suffisant pour pallier à l'urgence. Et laisse du temps pour étudier d'autres dispositifs. Ce qui constitue un retour aux sources, en quelque sorte, puisque cet instrument (jamais utilisé jusqu'ici) a été conçu, en ayant en mémoire l'antécédent des Balkans.
La nécessaire coordination avec l'Otan. La nouvelle opération de l'UE devrait agir en coordination avec l'Otan - qui à travers le MAP - le plan d'action pour l'adhésion - est présente aussi dans le pays. La fonction "de conseil" serait dévolue aux experts de l'Otan. Et "l'Ue se concentrerait ainsi davantage sur l'entraînement". A noter que l'UE dispose également dans le pays d'une mission destinée à aider la police bosnienne (MPUE), dans certaines fonctions (lutte contre la corruption et crime organisé, ...), dirigée maintenant par Stefan Feller.