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Géorgie. Oui à un maintien de la paix avec l’UE, dit Rogozine

(BRUXELLES2) La guerre médiatique ne connaît pas de jour férié. C'est donc un 15 aout à 15 h dans les locaux de l'agence de presse Novosti, que l'ambassadeur de Russie à l'Otan, Vladimir Rogozine, accompagné du représentant militaire, a tenu à briefer la presse internationale sur la situation, vue du coté russe (autant dire qu'à la date dite, nous n'étions pas nombreux autour de la table !). Un beau morceau d'anthologie mêlant le propos diplomatique et la langue de bois la plus traditionnelle, à de larges digressions sur l'histoire de la Géorgie, de la Russie. Quand on fait le tri, voici ce qu'il en reste. Un point me semble important : il se montre d'accord avec la présence d'une force de maintien de la paix, d'observateurs, "y compris militaires" de l'Union européenne. Une avancée quand on sait que - jusqu'ici - les Russes ont toujours refusé aux Géorgiens le soin de modiier le format des forces de maintien de la paix

L'usage de la force par les Russes : proportionné

L'usage de la force n’était pas disproprtionné comme on l’a dit. Au contraire, il était très proportionné. Quand l’Otan a utilisé la force de la Yougoslavie, comme elle l'a fait, en détruisant certains objectifs comme la télévision (à Belgrade) elle ne peut blâmer aujourd’hui d’utiliser la force. Et aucun pays de l'Otan n'avait de citoyens au Kosovo comme à Belgrade. Il est aussi impossible de défendre l’indépendance du Kosovo et de proclamer l’intégrité de la Géorgie après ce qui s’est passé en Abkhazie et Ossétie.

L'accord de cessez-le-feu est respecté

Nous respectons complètement l'accord conclu après la visite du président Français. Maintenant l'urgent est de résoudre les problèmes humanitaires, puis de favoriser la reconstruction. L'aide arrive par les canaux officiels (de l'Agence russe d'urgence). Et des procédures spéciales (pour accélérer les formalités en douanes) ont été faites pour les ONG ou les personnes privées, nous leur demandons de passer par ce canal. (...) Il n'y a pas eu destruction ou de pillage. J'ai de sérieux doutes sur certaines images vues à la télévision. Certaines destructions sont de la pure propagande ou à des images d'autres lieux.

Sur l'accès à Gori

Toute l’aide arrivée à Gori avait une origine russe.  (...) La Croix-Rouge a accès à tout, car elle est impartiale. Plusieurs Ong travaillent aussi en NordOssétie. (...) J'espère que Thomas Hammarberg, commissaire aux Droits de l'homme du Conseil de l'Europe, puisse visiter la région.

Le sort de l'Abkhazie et de l'Ossétie : pas dans le même Etat qu'aujourd'hui

Je n’évoque pas le mot génocide uniquement pour des raisons d’émotion. Mais la question maintenant est de savoir
si les Ossètes et les Abkhazes sont prêts à vivre dans le même Etat que Sakhachvili. Non...

Puis vint le temps des questions

Et des forces de maintien de la paix ? "Pourquoi pas. Que ce soit l'Union européenne, l'Osce, l'Onu, nous sommes ouverts et prêts à toute éventualité, pour avoir davantage d’observateurs dans la région." Y compris des observateurs militaires ? "Oui pourquoi pas."

Sur un possible retour à la guerre froide ?

"Il n’est plus possible d’avoir une politique de bloc dans le monde moderne. C'est impossible de considérer la structure de sécurité européenne si on a construit avec un système de bloc obsolète."

(NGV)

Crédit photo : © NGV

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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