Trois sages pour un requiem
(archives B2) Les Portugais ont réussi à déminer, in extremis, le dossier des sanctions à l’égard du gouvernement autrichien. Les Quatorze pays concernés sont, en effet, tombés d’accord hier sur un compromis acceptable.
Un comité de trois « sages », appartenant à une institution “neutre”, la Cour européenne des droits de l’homme, va être constitué. Sa mission sera double : « rendre compte de l’engagement du gouvernement autrichien vis-à-vis des valeurs européennes communes, en particulier les droits des minorités, réfugiés et immigrants, et de l’évolution de la nature politique du FPÖ », le parti ultra-populiste de Jörg Haider.
« Les sanctions ne sont pas levées » comme s’en défendent Louis Michel, le ministre belge des Affaires étrangères, ainsi que Pierre Moscovici, le ministre français délégué aux Affaires européennes. Mais on prend le chemin d’une normalisation des relations avec Vienne, comme l’a toujours souhaité Poul Nyrup Rasmussen, le Premier ministre danois. Même l’Autriche, par la voix de sa ministre autrichienne des Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a jugé« acceptable » ce mandat en dépit du fait qu’il n’y a pas de « calendrier concret pour la fin des sanctions ».
Ce faisant, le Premier ministre portugais, Antonio Guttierez, ôte une sacrée épine du pied à la veille de passer le relais de la présidence européenne à la France. Tous les regards se tournent désormais vers Strasbourg. Le président de la Cour, le Suisse Luzius Wildhaber n’a en effet accepté cette tâche que sous trois conditions : un accord unanime des Quinze, le libre choix des trois sages et toute latitude en matière de calendrier.
(Nicolas Gros-Verheyde) Paru dans France-Soir, juillet 2000