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Analyse BlogPolitique européenne

Une crise politique latente, qui fractionne l’Europe

(B2) Depuis la parenthèse de l'élection d'Emmanuel Macron en France, il n'y a pas une élection en Europe qui ne ne se soit pas traduite par un raidissement de la politique nationale, comme on l'a constaté en Italie (mars 2018), en Autriche, en Bulgarie et en Suède (octobre 2018). Les questions qui se posent sont à la fois très techniques, mais aussi très politiques. Il y a aujourd'hui un glissement politique généralisé

La générosité n'a plus le vent en poupe

Des mouvements issus de la droite nationale, voire de l'extrême droite, sont au pouvoir en coalition avec d'autres dans une bonne demi douzaine de pays (Autriche, Belgique, Bulgarie, Grèce, Italie, Slovaquie). D'autres gouvernements ont opéré une évolution sémantique et idéologique vers un conservatisme, souvent teinté d'un refus de voir l'intégration européenne aller trop loin (Hongrie, Pologne, Slovaquie).

Un lent glissement des idées

Enfin, même dans les gouvernements chrétiens démocrates ou libéraux bon teint, on sent comme un glissement, un acquiescement à ces idées (Allemagne, Pays-Bas). En clair, les idées du Hongrois Viktor Orban, que certains (bons) esprits voyaient isolé en Europe, ont gagné du terrain (Lire : Viktor, jouisseur de l’histoire, illibéral si nécessaire, provocateur discipliné).

Une nouvelle approche européenne

Les conclusions du sommet européen de juin 2018 traduisent cette « nouvelle approche » basée sur un principe devenu fondamental : le blocage des frontières européennes et la lutte contre l'immigration illégale. L'habituel équilibre, recherché, même s'il était parfois difficile à atteindre, entre la migration légale et la migration illégale, s'est renversé. Tandis qu'une plus large liberté a été laissée aux pays membres de pratiquer des accords bilatéraux sur cette thématique, traduisant davantage de flexibilité.

Un lent effacement de l'idée européenne

Depuis 2005 et les référendums 'Non' en France et aux Pays-Bas, on ressent dans les opinions un lent effacement de l'idée européenne, pas seulement de la croyance dans les institutions européennes, mais aussi des valeurs qu'elle porte : solidarité, intégration, objectif commun.

L'illusion de la bulle

Les institutions, la bulle européenne se sont souvent bercées d'illusions, se convainquant tout d'abord que cela n'arriverait pas (exemple : le Brexit) puis se disant que cela n'était qu'un mauvais moment à passer. Au pire, on refaisait voter le peuple. Et on continuait, en fermant les yeux.

Le placebo démocratique des consultations citoyennes

Des consultations dites 'citoyennes' étaient organisées, officiellement pour faire remonter des informations, en fait pour tenter de convaincre les impétrants. Elles tenaient lieu (et elles tiennent toujours) d'un leurre démocratique. Sensées résoudre le mal, elles tenaient davantage du placebo homéopathique que du traitement plus vigoureux.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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