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Les Européens passent la deuxième en Méditerranée

Equipes de visite britanniques (archives B2 - Crédit : EUNAVFOR Atalanta)
Equipes de visite britanniques (archives B2 - Crédit : EUNAVFOR Atalanta)

(B2) L'opération de lutte contre les trafiquants en Méditerranée va passer à une phase plus offensive. Les ministres des affaires européennes ont approuvé aujourd'hui (lundi 14 septembre) le principe d'un passage en « phase 2a », selon le jargon en usage dans la PSDC.

Lors de cette phase, les forces européennes ne se contenteront plus d'observer mais pourront « arraisonner les navires, les fouiller, saisir et dérouter les navires, appréhender les trafiquants et les conduire à la justice » a résumé un diplomate européen à B2.

La phase 2a permet, en effet, d'intervenir contre des navires et des embarcations « soupçonnés d'être utilisés pour la traite des êtres humains ou le trafic illicite de migrants », dans les conditions prévues par le droit international de la mer. Faute de résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies, cette intervention n'aura lieu que dans les eaux internationales — et non dans les eaux territoriales libyennes — et contre des navires suspects (sans pavillon, qui portent un pavillon qui n'est pas le leur, etc.).

Cet engagement pourrait cependant changer la donne en mer. L'ambition n'est « pas vraiment d'arrêter le trafic mais d'obliger les trafiquants à changer leur business model, de les perturber, les dissuader » explique un diplomate. En quelques semaines, « nous avons eu près de 16 opportunités où nous aurions pu intervenir contre des trafiquants » soulignait Federica Mogherini, la Haute représentante de l'UE, il y a quelques jours. Un chiffre en augmentation permanente. Selon nos informations, en quelques jours, quatre nouvelles opportunités d'arrêter des passaeurs ont été ratées dans les derniers jours.

L'élément clé de cette seconde phase va donc reposer sur les "équipes de visite". Des équipes robustes, au pied marin, prêtes à faire face à toutes sortes de situation. Il s'agit tout d'abord de mener à bien l'abordage, de faire face à des personnes parfois déterminées, et armées (les trafiquants ont déjà été vu en possession d'armes de type AK47 - Kalachnikov). Un rôle assuré en général, selon les pays, par les fusiliers marins, des commandos marine ou des équipes des forces spéciales.

Du côté français, Jean-Yves le Drian a confirmé la volonté française de participer de façon décisive à cette seconde phase « en fournissant une frégate ». Le ministre de la Défense a estimé qu'au-delà de « l'obligation de venir au secours des personnes » qui risquent leur vie, il fallait réagir « contre ceux qui profitent de ce trafic inhumain ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

En savoir plus : sur B2 Club (l'édition professionnelle de B2), tous les détails de cette seconde phase : La seconde phase d’EUNAVFOR approuvée. Durée, format, objectif… les détails

(*) Pour être exact, le Danemark ne participe pas au processus décisionnel en matière d'opérations militaires de l'UE.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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