Attentat à Bamako, plusieurs victimes européennes dont un agent de l’UE (maj4)
(BRUXELLES2) Dans la nuit de vendredi à samedi, un attentat a eu lieu à Bamako, au Mali, dans un restaurant très fréquenté par les expatriés, La Terrasse (dans le quartier de l'Hippodrome). « Un homme est entré dans l'établissement, a jeté des grenades, puis est monté à l'étage (où se trouve le bar) et a ouvert le feu à l'arme automatique » précise RFI qui a donné le premier l'information. « Cette attaque a été menée par au moins une personne masquée qui a ouvert le feu sur les clients » précise de son côté la Minusma. C'est la première fois qu'un attentat a lieu en plein milieu de la capitale malienne. Il intervient juste quelques jours après l'annonce d'un accord partiel de paix à Alger.
5 morts et une dizaine de blessés
Le premier bilan dressé par fait état de 5 morts : 1 Belge, 1 Français et 1 autre de nationalité non précisée, et 3Maliens, dont 1 policier qui a tenté de s'interposer et 1 gardien privé. Neuf blessés, dont certains en état grave, ont été transportés à l'hôpital. « Il n'y aurait pas de Français parmi les blessés » indique l'Elysée « mais des vérifications sont en cours ». Trois Suisses figurent parmi les blessés, dont 2 militaires affectés au déminage par la Minusma (la mission des Nations-Unies) et une femme plus gravement atteinte.
Un agent européen parmi les victimes...
Les premiers éléments, recueillis par B2, n'excluaient pas qu'un agent ou fonctionnaire travaillant pour le compte de l'UE ait été atteint. Cette information a été confirmée très rapidement la Haute représentante de l'UE, Federica Mogherini, dans un tweet : « Je viens de parler avec le chef de la délégation de l'UE au Mali. Une des victimes travaillait avec nous depuis trois mois » (*). Il s'agit d'un citoyen belge, qui assurait la sécurité pour la délégation, a-t-elle précisé à la fin de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Riga, adressant ses condoléances aux familles, de concert avec le ministre belge, Didier Reynders.
...et ancien militaire belge
Son nom a été connu par la suite. Il s'agit d'un ancien militaire belge, le lieutenant colonel Ronny Piens, qui venait tout juste (en décembre) de quitter la carrière militaire, Officer" (RSO) pour la délégation qu'il avait intégré il y a 26 ans, en août 1988. Il était marié et laisse 2 enfants.
Parachutiste, Ronny Piens a servi dans le 1er Bataillon de Paracommando de Diest et dans avec le 2e bataillon de commandos de Flawinne, à Kisangani (Congo). Il a été déployé, en 2002, au Kosovo pour l'opération de stabilisation de l'OTAN (KFOR) dans le cadre du contingent "Belukos 7". En 2004, il participe dans le cadre de la mission "Avenir" de l'armée belge à une mission d’instruction sur les techniques “PSO” (opérations de maintien de la paix) à la 1ère Brigade congolaise. Il a ensuite été actif au sein de B'Fast, la structure d’intervention rapide belge, qui a été déployée en Haïti, suite au tremblement de terre de 2010, rassemblant militaires et diplomates (lire ici).
Il était arrivé au Mali auprès de la délégation de l'UE, comme responsable de sécurité régionale ("Régional Security Officer") assurant la sécurité pour la délégation du Mali mais aussi du Niger et de Mauritanie.
L'aide de la France au Mali
Ce « lâche » attentat a été dénoncé « avec la plus grande force » par le président français François Hollande. « La France se tient aux côtés des Maliens dans cette épreuve » a-t-il ajouté offrant au président du Mali Ibrahim Boubacar Keïta « son amitié et l'aide de la France ». François Hollande « se souvient que le Président Keïta se tenait à ses côtés le 11 janvier dans les rues de Paris » après les attentats des 7-9 janvier, a-t-il indiqué dans un communiqué publié samedi matin.
L'effort de stabilisation n'est pas acquis
Pour sa part, Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères, a condamné, de Riga, où il assiste à la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères « la terreur ignoble qui a à nouveau lâchement frappé. Nos pensées vont aux victimes, dont un belge, et à leurs proches. » Son homologue letton, Edgars Rinkēvičs, a indiqué que l'attaque de Bamako « montre que nous ne pouvons pas prendre le processus de stabilisation au Mali pour acquis. Les efforts doivent se poursuivre ».
Détermination à lutter contre le terrorisme
Pour la Haute représentante de l'UE, Federica Mogherini, cet acte « ne fait que renforcer l'importance de conclure un accord de paix au Mali pour que le droit, l'ordre et la sécurité puissent être assurées dans tout le pays. Cet acte terroriste renforce encore plus notre détermination à aider à lutter contre le terrorisme dans la région. Il est important que toutes les communautés du Mali, locaux et étrangers, puissent vivre dans la paix et la sécurité. »
Sécurité renforcée à Bamako
L'ambassade de France « a constitué une cellule de crise, averti les Français dès cette nuit et renforcé la sécurité de nos implantations en liaison avec les autorités maliennes ». A Bamako, deux missions européennes de maintien de la paix au titre de la PSDC (EUCAP Sahel Mali et EUTM Mali) ainsi que la mission de l'ONU (Minusma) ont établi leur quartier général. La MINUSMA a « mis à disposition des autorités maliennes des enquêteurs et experts en scènes de crime UNPOL », le corps de police de l'ONU. « Ces enquêteurs travaillent actuellement avec leurs collègues maliens » précise un communiqué.
(NGV)
(*) Il s'agit de la 53e personne employée par l'UE, tuée dans le cadre d'une mission extérieure de l'UE ou à l'occasion de ses fonctions officielles, selon la base B2 Memoriam
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