Syrie. Des Européens un peu passifs ?
(BRUXELLES2) J'ai participé à l'émission EuropeHebdo de Public Sénat avec l'excellente Nora Hamadi pour décoder quelques mots clés employés sur la Syrie autour de deux questions principales : les "lignes rouges" sur l'utilisation d'armes chimiques et la présence des Européens sur la solution politique (voir ici la video 8'50 pour le reportage en images, 10'30 pour l'interview).
La ligne rouge : "bidon" ?
La "vraie" ligne rouge en droit international est la violation des conventions de Genève. La "vraie" ligne en "real politik" internationale est la déstabilisation des pays voisins notamment des frontières d'Israël ou de la Jordanie pour les Américains, risques pour les bases militaires pour les Russes. Son seul intérêt est pour Washington comme Paris ou Londres de justifier un revirement de position politique et d'accélérer l'entraînement et la livraison d'armes aux rebelles (pour aller plus loin sur ce sujet, voir le papier détaillé: lignes rouges).
L'impuissance des Européens interpelle
Les Européens revendiquent une solution politique. Mais l'ont-ils jamais vraiment tenté ? Est-ce suffisant de "soutenir" l'effort de la Ligue Arabe, de l'ONU ? Ont-ils réellement tenté une solution politique ? Ont-ils convié aux négociations tous les partenaires (Iran et Hezbollah notamment). Il faut bien se résoudre à répondre "Non". Pas troika, pas d'émissaire, pas de pays neutres qui font l'intermédiaire entre le camp A et le camp B... Et, cependant, les Européens avaient bien des atouts. Proches du Moyen-Orient mais pas impliqués directement, ils comptent dans leurs rangs des pays affirmant un soutien volontaire aux rebelles (France, Royaume-Uni...) et d'autres plus réticents voire hostiles à ce soutien armé (Autriche, Finlande, Suède...) qui pourraient jouer ce rôle d'intermédiaires neutres si nécessaire dans la crise. L'Union européenne, par l'intermédiaire de son Haut représentant, mène les négociations avec l'Iran sur le programme nucléaire. Ce qui pouvait être une enceinte également pour associer l'Iran à la table de négociation... L'Union européenne a aussi une expertise de prévention et de gestion post-conflit et des moyens financiers pour stabiliser la région. Les pays européens forment une bonne partie du corpus de la Finul II déployée au Liban. L'Europe a donc des atouts propres dans la crise que n'ont pas la Ligue arabe ou l'ONU. Elle ne les a pas encore tous utilisés. Il serait temps !
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