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L’Economique ou le Politique comme vecteur de la politique extérieure ?

(crédit : présidence belge)

(BRUXELLES2) Le débat sur le partenariat que pourrait avoir l'Union européenne avec le Pakistan est symptomatique d'une certaine vision de la politique des relations extérieures. Un débat identique avait eu lieu, il y a un an, entre les "27" débouchant sur un plan d'action AfPak visant tant l'Afghanistan que le Pakistan. Il était ambitieux, préconisant des mesures allant du développement à la gouvernance démocratique, en passant par le commerce et l'assistance à la sécurité (lire : Le plan d'action de l'UE pour l'Afghanistan et le Pakistan).

Le Pakistan est-ce uniquement une question commerciale ?

Le débat qui a eu lieu vendredi, au Gymnich, la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères a tourné, principalement, autour d'une seule question : les relations commerciales et la question d'ouvrir un GSP+ (négociations sur le libre échange de certains produits à des conditions préférentielles). L'aide humanitaire concernant les inondations a été, également, abordée. Mais tous les autres aspects, plus politiques, semblent avoir été sinon oubliés du moins reportés à une date ultérieure. Cette discussion n'est pas anecdotique, elle est symptomatique d'une évolution.

Au niveau européen, ces derniers mois, effectivement, le focus semble s'être mis sur une analyse économique des relations extérieures de l'UE (quels sont les partenaires qui comptent, que faut-il faire pour développer des relations ?) que sur une analyse politique (quel est le poids de l'UE dans le monde ? Où faut-il intervenir pour peser, apparaître comme un acteur global ? Et avec quels moyens ?). L'approche de la Haute représentante, Cathy Ashton, semble privilégier les rapports économiques comme levier de la politique étrangère, plutôt que les leviers classiques de la diplomatie. Si on simplifie, une approche plus britannique (ou allemande) que française (ou espagnole).

C'est à cette lumière qu'on peut analyser les tensions qui entourent certaines des décisions de la Haute représentante comme celle de ne pas assister au début des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens au profit d'une visite en Chine (prévue de longue date). Une décision encore "regrettée" par certains ministres des Affaires étrangères. Le Français Bernard Kouchner dans la cour du Palais d'Egmont où se déroulait la réunion informelle des chefs de la diplomatie européenne l'a confirmée à quelques journalistes. « Cathy a un job vraiment difficile » Mais «Effectivement, nous étions plusieurs (Ministres) autour de la table à avoir regretté que l'Europe ne soit pas présente à l'ouverture des négociations à Washington. »

Chercher d'autres manières de travailler

Bernard Kouchner a cependant voulu arrondir les angles, sur la forme, dans ses rapports un peu écorchés ces derniers jours avec Cathy Ashton (lire : Bernard) et a voulu mettre le focus sur une approche plus politique de l'UE, misant sur une reprise de contrôle des chefs de la diplomatie des Etats membres autour du contenu de la politique européenne. Pour lui la question n'est pas vraiment de savoir si un Ministre ou l'autre « peut représenter l'UE » quand la Haute représentante est occupée ailleurs— « Cela a déjà été fait » — Ce qu'il faut davantage c'est travailler ensemble, en amont. « Il faut nous voir plus souvent entre ministres des Affaires étrangères. Par exemple, nous pourrions travailler à plusieurs ministres, de différents pays (NB : pas uniquement ceux qui ont un intérêt sur la zone) sur certains sujets. Nous ne pourrons avoir une position forte et unie que si nous préparons ces décisions, en amont ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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