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La Pologne et les Pays-Bas réfléchissent à leur avenir en Afghanistan

(BRUXELLES2) La mouche qui a piqué Berlusconi, parlant d'un retour à la maison des "boys" à la maison aussi tôt que possible, lors du Sommet européen, répondait certes à une émotion nationale (la mort de 6 soldats italiens) mais elle est également le signe d'une inquiétude palpable dans plusieurs pays européens. Et pas des moins atlantistes... En Pologne et aux Pays-Bas, aussi, les questions du retrait, de l'avenir de la mission... tarraudent le plus haut niveau du pouvoir. 

Pologne : reconduction du contingent mais de sérieuses interrogations, pourquoi l'impasse ?

Deux études... En Pologne, le ministère de la Défense a ainsi commandité deux études sur la situation politique, et militaire, de la mission polonaise. Le gouvernement doit décider, d'ici le 13 octobre, la reconduction de son contingent en Afghanistan, normalement sans  augmentation (il y a 2200 soldats sur place). Pour le conseiller du ministre de la Défense, Roman Kuzniar, selon ce qu'en relate le quotidien Dziennik, il n'y a pas de secret: « Nous examinons attentivement la phase des opérations en Afghanistan, qui patauge clairement dans une impasse et ne répondent pas à nos attentes. »

« La question la plus importante est de savoir pourquoi nous sommes dans une impasse, avec un tel avantage militaire énormes et opérationnel ». Les forces de l'Otan, de l'armée et de la police afghane dépassent 100.000 personnes alors qu'on évalue le nombre de talibans entre 15 et 20.000 hommes.  «La simple continuation de la mission dans sa forme actuelle ne suffit (donc) plus. C'est même une recette pour un désastre total » ajoute Kuzniar qui souligne l'urgence que les politiques reprennent le dessus. «La logique militaire en Afghanistan a pris le pas sur la logique politique. Et c'est ça le problème: quand les militaires dictent les conditions de l'opération, c'est la menace d'une catastrophe, pour les politiques. Et cela doit changer. »

Pour autant, pas question d'une sortie d'Afghanistan en solo, explique le Ministre de la Défense, Bogdan Klich :
«  Nous nous sommes réunis, nous sortons ensemble. Toute décision qui ne serait pas prise en accord avec les partenaires de l'OTAN affaiblirait notre position dans l'Alliance de l'Atlantique Nord ». Et il ajoute « En raison de la géopolitique  de la Pologne (NB : sa position près de la Russie), nous ne pouvons pas nous permettre. L'OTAN est le garant de notre sécurité nationale ».

Pays-Bas : retrait programmé fin 2010 mais possibilité de garder un petit contingent.

Débat engagé. Aux Pays-Bas, le débat est engagé en sens inverse. Il paraissait acquis que les Néerlandais se retirent d'Uruzgan fin 2010. Cela résultait d'un accord entre les principaux partis du pays. Mais l'insistance américaine a été forte (le général américain McChrystal commandant l'IFAS a rencontré plusieurs ministres à la mi-septembre). Coup sur coup, le ministre des Affaires étrangères, Verhagen (CDA) et le ministre de la Défense, Van Middelkoop (Christen Unie), ont aisni évoqué, plus ou moins clairement, une prolongation. Le ministre de la Défense, plutôt réticent au départ sur cette prolongation, a été assez précis, évoquant la possibilité de maintenir une petite force de 400-500 hommes, notamment afin de former les troupes de sécurité afghane et d'assurer un minimum de protection. Selon le quotidien Volkskrant, les militaires craignent aussi qu'en partant, « toutes les connaissances, acquises avec difficulté, sur les rapports et projets locaux soient perdues. L’Equipe de reconstruction provinciale (PRT) dispose de spécialistes des rapports tribaux et d’interprètes qui habitent à Kamp Holland depuis le début de la mission, en 2006. Et les relations personnelles jouent un grand rôle » dans le pays.

D'autres pays pas très, très chauds.

En Slovaquie : le gouvernment a démenti, vendredi 25 septembre, avoir l'intention d'envoyer une unité combattante en Afghanistan. La presse avait parlé de l'envoi fin 2010 - 2011 une partie du 5ème Régiment de Forces Spéciales, basé à Zilina, qui vient d'être doté de nouveaux matériels (armes, drônes, véhicules blindés). Des militaires slovaques sont déployés sur le terrain, certains avec les Néerlandais, pour garder et assurer la surveillance de la base.

A suivre...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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