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Les Gurkhas, à moitié reconnus, outre-manche

(B2)Le gouvernement britannique a reconnu à ses gurkhas, enfin, le droit de séjour au Royaume-Uni. Depuis quelques années, la loi avait été changée. Et le soldat en fin de service devenait simplement un étranger, n’ayant donc plus droit au séjour… Une situation injuste et discriminatoire pour ceux qui avaient servi sa Gracieuse magesté (lire le site de leur campagne pour les droits civiques).



La bataille a été omérique et longue pour faire reconnaître le “prix du sang”. Et elle n’est peut-être pas tout à fait finie. On a vu quelques députés, tant travaillistes que conservateurs ou libéraux démocrates prendre la défense des Gurkhas face à un gouvernement on ne peut plus entêté (Nb : le principal tenor de l’opposition, David Cameron, s’est, lui, rangé du coté du gouvernement pour l’occasion. Consulter la liste des députés opposés à cette mesure).

Plusieurs personnalités, telle l’actrice Joanna Lumley (“Chapeau melon bottes de cuirs”, “Absolutely fabulous”…) – née au Cachemire, son père a servi longtemps avec le 6e fusilliers Gurkhas -, se sont rangées aux cotés des soldats népalais. Ecoutez sur la BBC :” We owe them a debt of honour – a debt that will now be paid”.

Le gouvernement s’est donc résolu à changer la règle. Mais du bout des lèvres : le gurkha qui a servi avant le 1er juillet 1997 doit avoir accompli quatre années de service avant de pouvoir obtenir un droit de séjour pour lui et sa famille (femme et enfants à charge). Depuis 2004, le Gurkha, qui a servi après le 1er juillet 1997, a déja droit au séjour,
affirme le gouvernement. (lire le communiqué du ministère de la Défense).

La brigade des Gurkhas a été formée en 1948, lors de l’indépendance de l’Inde, quand quatre régiments de l’ancienne armée indienne ont été versés dans l’armée britannique. Elle compte actuellement 3800 hommes, toujours recrutés au Népal et qui restent citoyens népalais durant leur service, et fournit 3% des effectifs des forces armés (8% de l’infanterie). Ils sont souvent employés dans les terrains à risque.

La France n’est pas épargnée par le principe de… discrimination. Malgré plusieurs arrêts du Conseil d’Etat, la France a, elle aussi, longtemps “chipoté” sur les droits de ses anciens combattants issus de ses anciennes colonies (Maroc, Algérie, colonies noires…) qui se sont battus durant les différentes guerres du XXe (guerres mondiales, Indochine, Algérie…). En particulier sur le versement des pensions. Depuis 1959, les pensions de retraite ou d’invalidité avaient été gelées, “cristallisées”. Résultat : la pension pouvait être jusqu’à huit fois inférieure à celle de leurs coreligionnaires européens. Certes le montant de certaines pensions a été revalorisé dans la loi de finances de 2007. Mais pas totalement. Une situation contradictoire non seulement avec la morale mais surtout avec le droit européen, le principe de non-discrimination et les règles européennes de sécurité sociale. Près de 80 000 anciens combattants vivent encore (sur le million qui ont combattu, 100 000 environ sont morts). Voir le site des oubliés de la République

 

(crédit photos : campagne pour les droits des Gurkhas – armée britannique)

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).