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Les USA accélèrent le mouvement d’évacuation de Kaboul. La date butoir du 31 août sera respectée

(B2) Le général Stephen R. Lyons, chef du commandement de transport aérien américain (TRANSCOM) a fait récemment un briefing sur l'opération d'évacuation de Kaboul, intéressant sur plusieurs aspects. Extraits...

Le général Lyons face à la presse par vidéoconférence (US Transcom)

Cet échange avec la presse (dont le script est parvenu à B2) a eu lieu le 23 août.

Un rythme soutenu d'évacuation

L'opération se poursuit avec un rythme d'évacuation plus que soutenu. « Plus de 10.000 dans les dernières 24 heures », indiquait le général Lyons. Un rythme tenu (37.000 personnes évacuées au 23.08, 48.000 le lendemain, 58.000 le 24.08). Avec parfois d'heureux événements à célébrer : trois bébés sont nés à bord (ou juste à l'arrivée).

400 à 450 passagers en moyenne par avion

« Nous ne voulons jamais quitter l'aéroport de Kaboul avec un avion vide ou même partiellement plein si nous pouvons l'éviter. Nous ne le faisons donc pas. » En fait, chaque avion est rempli avec « environ 400 à 450 passagers ». Le record est pour le moment détenu par l'équipage du vol C-17 avec l’indicatif 871 qui est reparti avec « 823 passagers ».

Toute la force aérienne mobilisée

« Toutes les ressources de mobilité sont concentrées sur cet effort. La composante aérienne compte plus de 200 aéronefs engagés en opérations. Même les KC-10 sont engagés dans l'opération d'une manière ou d'une autre. [...] Le ministre a décidé d'activer la première étape de la Silver Reserve Air Fleet (le niveau 1 de la réserve civile aérienne (cf. encadré).

La problématique du carburant

« Nous ne prenons volontairement pas de carburant au sol. Nous nous assurons donc d'avoir suffisamment de carburant pour entrer et sortir sans prendre de carburant afin de ne pas stresser la posture logistique là-bas. »

Rotation rapide d'une heure au sol

La rotation d'une heure au sol est rendue possible par deux éléments : « Nous avons un certain nombre d'avions engagés. Mais nous avons deux fois plus d'équipages. [...] Nos équipages sont absolument incroyables, je ne vais pas vous mentir. Ils sont fatigués. Ils sont probablement épuisés. » Et l'ambition est de « réduire le temps sur le terrain à moins d'une heure ».

Un dialogue quotidien de déconfliction avec les Taliban

« Nous sommes en communication quotidienne avec les dirigeants Taliban à l'extérieur de l'aéroport. Parfois plusieurs fois par jour pour dénouer le conflit du mieux que nous pouvons, et aider à assurer un accès sain à l'aérodrome pour les citoyens américains en particulier. »

Une menace de l'État islamique potentielle

« Nous sommes conscients de la menace que représente l'État islamique. Sans parler au nom des Taliban, je pense que c'est une hypothèse sûre de supposer qu'eux aussi sont conscients de cette menace. » NB : le général n'a pas voulu épiloguer sur l'A400M français tirant des leurres au moment du décollage.

Mission terminée le 31 août

« C'était la direction donnée par le Président. Et nous nous engageons à le faire. Nous n'allons pas lâcher prise. [...] Tant qu'il y a une mission à accomplir. Nous serons là-bas. »

Et après le 31 août

« Il est certainement possible que l'aéroport maintienne ses activités à l'avenir. Ce sera aux autorités locales de le définir. » S'il y a un départ de l'armée US, « cela ne veut pas dire que tout le monde va partir et ne pas continuer à faire voler des avions à partir de là. » NB : les Turcs pourraient rester.

(Propos sélectionnés et traduits par Nicolas Gros-Verheyde)

L'activation de la réserve civile aérienne. Décidée le 22 août par le Pentagone, l'activation du niveau 1 de la CRAF (Civil Reserve Air Fleet) a pour objectif d'accélérer l'opération d'évacuation d'Afghanistan. Elle permet au ministère de la Défense d'accéder aux capacités aériennes commerciales. De façon concrète, le niveau 1 va concerner 18 appareils : quatre de United Airlines, trois chacun pour les compagnies American Airlines, Atlas Air, Delta Air Lines et Omni Air, deux de Hawaiian Airlines. Les avions activés par la CRAF ne voleront pas à l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul. Ils seront utilisés pour le mouvement ultérieur des passagers depuis les refuges temporaires et les bases de transit provisoires. Il permet aux avions militaires de se concentrer sur les opérations à destination et en provenance de Kaboul. C'est la troisième activation du CRAF dans l'histoire du programme. La première s'est produite à l'appui des opérations Desert Shield/Storm (août 1990 à mai 1991), et la seconde était pour l'opération Iraqi Freedom (février 2002 à juin 2003). Cf. communiqué en anglais.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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