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Les deux soldats grecs toujours détenus en Turquie. L’Europe veut une solution en douceur

Le ministre grec de la Défense Panos Kammenos avec le président du comité militaire de l'UE, en discussion avec le général Mikhail Kostarakos lors du dernier conseil des ministres de la Défense mardi 6 mars (crédit : Conseil de l'UE)

(B2) Les deux soldats grecs, qui avaient 'frôlé' la frontière, sont toujours détenus en Turquie. Au grand dam d'Athènes. Les Européens affichent leur solidarité. Mais 'mollo', histoire de ne pas s'embarquer dans un nouveau litige avec Ankara. L'OTAN reste silencieuse, embarrassée par un incident de frontière entre deux membres de l'Alliance.

Le brouillard en cause

Les deux officiers grecs avaient été arrêtés, il y a une semaine (jeudi 1er mars), alors qu’ils patrouillaient à la frontière gréco-turque. Les autorités turques les ont mis au trou, avec une accusation non seulement de violation du territoire, mais aussi d’espionnage. L’état-major grec dément catégoriquement. Il ne s’agit que d’une erreur ; les conditions climatiques (le brouillard) ont désorienté la route des deux officiers, explique-t-il.

Sur la piste de trafiquants

Le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, a donné une version plus circonstanciée, plus européenne, à ses collègues lors de la dernière réunion des ministres de la Défense de l'UE mardi (6 mars). « Les deux militaires grecs patrouillaient dans une zone où sévissent la traite et l'entrée illégale de réfugiés et de migrants; ils disposaient d'un itinéraire spécifique qui, selon eux, conduirait à des trafiquants et des migrants illégaux qui entreraient dans le pays à partir de ce point. » Ce qui semble sûr, c'est qu'ils sont « entrés sur le territoire turc » mais « pour quelques mètres seulement » et ont été arrêtés.

Une détention en lieu sûr

Les deux militaires ont été placés dans une prison de haute sécurité. Le tribunal d’Andrianoupolis a rejeté lundi (5 mars) la demande de libération déposée par leurs avocats, relate la presse. Le procureur turc a refusé tout compromis, notamment que les deux militaires soient détenus au consulat grec jusqu' à leur procès. Ils devraient être jugés d'ici la fin de cette semaine.

L'habitude grecque de saisir l'Europe n'est pas bonne dit Ankara

S'adressant aux journalistes mercredi (7 mars), le Premier ministre turc Binali Yildirim n'a montré aucun signe de compromis, selon Kathiremini. Le système judiciaire turc « fera ce qu'il doit » a-t-il indiqué. Il a aussi raillé la demande grecque de solidarité européenne « C'est devenu une habitude [pour la Grèce] de porter tout problème qu'elle a avec la Turquie devant l'UE pour demander son soutien ». Et d'ajouter : « Nos relations avec l'UE ne progresseront ni ne se détérioreront à cause de ces actions ».

Le point porté à la discussion des ministres de la Défense

La question a en effet été portée par le ministre grec lors de la réunion des ministres de la Défense de l'UE à Bruxelles mardi (6 mars). L'occasion pour lui d'expliquer la situation. Nous « espérons un résultat rapide et positif sur cette question dans un esprit de bon voisinage, comme cela devrait toujours être le cas entre deux voisins proches » a indiqué la Haute représentante de l'Union quand un collègue l'a interrogé sur le sujet à l'issue de cette discussion. Les ministres ont « tenu à exprimer leur solidarité », a précisé Federica Mogherini. C'est important « de partager l’information ».

La solidarité des ministres

Federica Mogherini a insisté en particulier sur l’importance « des relations de bon voisinage », « en particulier entre deux alliés de l’OTAN ». Une notion « que nous transmettons toujours à notre interlocuteur turc ». Du côté de la Commission européenne, la situation est suivie avec attention comme l'a rappelé son porte-parole en chef, lors du point de presse quotidien mardi. Margaritis Schinas espérant, lui aussi, une « issue rapide et positive » à cette question. En clair, la libération des militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Claire Boutry)

Rédaction de B2

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