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Les 28 décident du principe de l’opération EUFOR Rca Bangui

Catherine Ashton donne les "clés" de discussion au Conseil au nouveau ministre autrichien des Affaires étrangères (crédit : Th. Monasse)
Catherine Ashton donne les “clés” de discussion au Conseil au nouveau ministre autrichien des Affaires étrangères (crédit : Th. Monasse)

(BRUXELLES2) Les 28 ministres des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont donné aujourd’hui le “feu vert” politique à une opération militaire en République centrafricaine (EUFOR RCA Bangui).

Objectif : sécuriser la zone de Bangui

L’opération aura une durée « temporaire » « pouvant aller jusqu’à 6 mois ». L’objectif est d’assurer la sécurisation » dans « la zone de Bangui », d’assurer la protection des civils comme de créer un espace sécurisé pour l’accès des humanitaires. EUFOR Rca Bangui passera ensuite « le relais aux forces de l’Union africaine », voire de l’ONU. La possibilité d’une transformation de la force de l’Union africaine en force des Nations-Unies est évoquée.

Une première étape… avant d’autres

Concrètement, les ministres ont approuvé le Concept de gestion de crises (CMC) qui est le premier document de planification politico-militaire au déroulement d’une opération. Il restera ensuite à approuver la décision-cadre qui est la décision formelle qui fixe les contours de l’opération et procède à la nomination du Chef d’opération.

Ceci devrait être fait une fois la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU entérinée. Le projet de résolution – selon nos informations – donnera aux Européens un mandat assez semblable à celui donné aux Français (lire sur le Club : l’intervention militaire en Centrafrique autorisée par l’ONU), avec possibilité d’usage de la force (chapitre VII).

Il faudra aussi avoir le nom du commandant d’opération voire du commandant de la force. Il restera ensuite à approuver le concept d’opération (Conops) et le plan d’opération (OpPlan) qui seront préparés avec les commandants d’opération (et de force).

Enfin, le Conseil aura une dernière décision, de lancement de l’opération, qui est le véritable “feu vert” au déploiement sur le terrain des militaires.

Dans l’intervalle, l’Union européenne devrait obtenir une lettre d’invitation officielle du gouvernement centrafricain comme la signature – ou au moins un engagement de signer – un accord de protection des forces (SOFA) qui régira le port des uniformes, des armes sur place, comme les immunités fiscales, pénales et administratives dont bénéficiera la force européenne. Le tout devrait prendre plusieurs semaines. Ce qui est un délai assez court en matière de planification d’une opération multinationale. Les Européens ont, en effet, d’utiliser la procédure rapide dite “fast-track”, mise en place en juin dernier, lors de la révision des procédures de gestion de crises (Lire : La réforme des procédures de gestion de crise approuvée).

Une première mission d’évaluation rapidement puis un déploiement graduel ?

Le déploiement devra attendre la fin du processus décisionnel européen. Mais il pourrait commencer de façon anticipée, assez rapidement, avec une première mission de reconnaissance et d’évaluation. Ainsi, très vite, le futur commandant d’opérations et/ou de force devraient se rendre à Bangui pour prendre contact avec les différents responsables internationaux sur place et le gouvernement centrafricain. Cela sera suivi par une petite équipe “précurseur” chargé de mettre en place les dispositions logistiques nécessaires à l’opération (notamment le C2 commandement et contrôle). Le déploiement pourrait ensuite s’étaler dans le temps, entre le moment où la capacité opérationnelle initiale est remplie (IOC, environ 400 hommes) et celle où la pleine capacité opérationnelle (FOC) est atteinte.

L’effectif et le commandement

L’effectif déployé sera celui d’un bataillon (environ 600 personnes). Mais pour les pays participants exactement. Il faudra attendre d’une part que chaque pays mène à terme son propre processus de décision national (décision du gouvernement et/ou du parlement) et que le processus européen de génération de forces soit mené au bout. Lire aussi : Qui participera à la mission EUFOR RCA Bangui ? Le point. Le quartier général (OHQ) sera établi à Larissa (Grèce). C’est la première fois que ce quartier général est utilisé.

Lire aussi :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).