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Qui participera à la mission EUFOR RCA Bangui ? Le point (MAJ8)

La Grèce comme la France ont proposé leur quartier général pour l'opération EUFOR Rca Bangui. Les ministres Venizelos et Fabius en discussion (© Th. Monasse)
La Grèce comme la France ont proposé leur quartier général pour l'opération EUFOR Rca Bangui. Les ministres Venizelos et Fabius en discussion (© Th. Monasse)

(BRUXELLES2 - exclusif) Selon le dernier relevé effectué par B2, au moins 7 pays devraient contribuer à la nouvelle opération militaire de l'Union européenne dans "la région de Bangui", EUFOR RCA Bangui.

Il faut d'ailleurs distinguer les pays qui soutiennent l'opération (il y a quasi-unanimité) au plan politique de ceux qui contribueront. Et parmi ceux-là, certains enverront des troupes sur le terrain ; d'autres se contenteront d'envoyer des personnels au quartier général d'opération, dit stratégique, qui sera situé en Europe. Lors de la réunion du 20 janvier, beaucoup de ministres ont souligné qu'il fallait l'accord de leur gouvernement et de leur parlement avant de se prononcer. D'où des déclarations très très prudentes parfois.

Lire aussi : La mission EUFOR RCA restera centrée sur Bangui. La France Nation-Cadre

Quel rôle aura la France ?

La France a proposé d'être la nation-cadre de l'opération en fournissant le FHQ (quartier-général de force), voire si nécessaire l'OHQ (quartier général de l'opération) du Mont-Valérien (qui avait déjà servi pour l'opération EUFOR Tchad).

Paris devrait ainsi logiquement fournir une contribution importante en personnel et une bonne partie de l'Etat-Major. Le principe d'une nation-cadre est de "combler" les trous qui ne sont pas assurés par les autres nations et de fournir l'ossature de l'Etat-Major. Logiquement, la taille de la contribution française devrait donc être connue en dernier.

La Grèce - qui assure en ce moment le commandement du "battlegroup" d'astreinte (auquel participent la Roumanie, la Bulgarie, Chypre et l'Ukraine) - a proposé de mettre à disposition son quartier général de Larissa (situé entre Athènes et Thessalonique). Une manière comme une autre de faire financer une partie de son Etat-major par les autres pays membres. Cette proposition a été acceptée par les ministres des "28", le 20 janvier. La Grèce pourrait ainsi fournir une partie de l'effectif du quartier général (environ 60 personnes).

Qui sera le commandant de l'opération ?

Le chef de la force sur le terrain (FHQ) devrait être un officier supérieur français (général voire colonel). En revanche, pour commander l'opération, le chef d'opération devrait être d'une autre nationalité, comme c'est l'usage. C'est souvent un officier supérieur, issu d'un pays qui fournit une forte participation. Ce pourrait être un Polonais, si les Polonais se décident, ou un Allemand, si on veut une symbolique franco-allemande, ou un autre. L'hypothèse la plus vraisemblable après le Conseil était d'avoir un chef d'opération grec.

Quels autres pays contribueront ou pourraient contribuer ?

L'Estonie est le pays qui a la position la plus claire. Tallinn a officialisé rapidement sa participation : 55 hommes et femmes pour la première rotation. Une participation modeste mais qui révèle un engagement régulier de ce pays balte dans les opérations militaires de l'UE (*). L’Estonie confirme une participation notable à EUFOR Rca Bangui

La Pologne, la Slovaquie et la république Tchèque (Visegrad) étudient une participation qui pourrait être commune. Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radek Sikorski, a rappelé, lundi, que la Pologne contribuait déjà directement à l'opération française Sangaris avec des avions et une cinquantaine d'hommes. La Slovaquie, en revanche, contribuerait à l'opération, à hauteur d'environ 30-40 militaires, selon nos informations. La Hongrie ne participerait cependant pas selon les dernières informations obtenues à Budapest par B2.

La Suède réfléchit sérieusement à une contribution, selon nos informations. Le ministre Carl Bildt l'a confirmé à son arrivée à Bruxelles lundi (20 Janvier) : « la Suède pourra s'engager et contribuer à l'opération ». Mais le Suédois est très déçu de ne pas voir employer les "battlegroups" et devrait le dire à ses collègues. « Nous pensons qu'il aurait été assez évident d'utiliser les groupements tactiques de l'UE » écrit-il ainsi sur son blog. « Si nous ne les utilisons pas maintenant, cela montre qu'ils ne sont pas utiles et ne pourront jamais être utilisés. Sinon, certains pays vont hésiter à faire les investissements importants (que cela nécessite) et diminuer leur engagement. » Autrement dit comme il l'a répété lundi matin à son arrivée au Conseil, c'est « maintenant ou jamais ».

La Lituanie « considère » sérieusement une « contribution à l'opération », a annoncé le ministre lors de la réunion. Selon nos informations, la Lituanie devrait aussi mettre à disposition de l'opération Sangaris un avion de transport tactique (intra-théâtre) C-27J Spartan pour un mois à partir d'avril (le parlement lituanien doit se prononcer en mars).

Le Portugal pourrait fournir un appui logistique d'une vingtaine de personnes avec un avion.

L'Allemagne ne participerait pas à la mission avec des troupes au sol mais prêtera une assistance logistique, notamment aérienne. « Nous devons penser, comme au Mali, à des possibilités de soutien plus importantes. Cela fait partie de notre responsabilité » a précisé le Ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, au FAZ. « L'Europe ne peut pas laisser la France seule ». C'est également des intérêts européens. « Si en Afrique noire l'instabilité, les violences et le terrorisme menacent, il y aura des conséquences en Europe » (*). Concrètement, Berlin pourrait modifier le mandat, permettant aux avions d'atterrir non plus dans un pays voisin (Cameroun) mais directement en République centrafricaine, comme l'a indiqué notre collègue Thomas Wiegold. 4 avions pourraient être mis à disposition des Européens (comme de la Misca ou des Africains). Ces avions sont mis en pool au sein de EATC. La participation allemande pourrait être aussi au niveau du quartier général.

Ceux qui réfléchissent... = plutôt Oui

Plusieurs pays n'ont pas prévu de contribution en l'état mais ne l'excluent pas

La Finlande, n'a défini « aucune position encore » a précisé un diplomate finlandais à B2. « Il existe différentes vues sur une participation. Et la décision pourrait ne pas être prise avant une semaine voire plus » souligne-t-on à Helsinki. Quelques officiers finlandais pourraient cependant participer à la mission au quartier général, voire un groupe d'une vingtaine de soldats, a indiqué le ministre des Affaires étrangères Erkki Tuomoja. Mais il faut auparavant un aval du Parlement avant toute participation a rappelé le ministre lors de la réunion. A noter que le ministre finlandais de la Défense, Carl Haglund, était lundi aux Pays-Bas pour parler de coopération bilatérale essentiellement mais aussi de Centrafrique semble-t-il.

En Lettonie, « une participation est discutée et est possible. Tout doit se faire en coordination avec les acteurs internationaux ».

La Roumanie n'a encore rien décidé mais pourrait fournir une contribution à l'opération. Le ministre l'a confirmé de façon officieuse.

Pour Chypre, la tendance est, pour l'instant, à ne pas participer. Mais, selon certaines indications, il y a une discussion à Nicosie car il n'y a pas unanimité de position. Nb : Un changement pourrait donc avoir lieu d'autant plus si le quartier général est en Grèce.

Ceux qui hésitent : ni oui, ni non

La Belgique joue les hésitants qu'il faut convaincre. L'idée de l'engagement d'une compagnie (parachutistes le cas échéant) a été balayée par Pieter De Crem, le ministre de la Défense, qui assistait samedi au départ d'un C-130 Hercules pour le Gabon afin de prêter main forte aux Français de Sangaris (une promesse faite en décembre. Un second avion part mardi). « Aucune demande de l'UE n'a formellement été adressée à la Belgique ». Une manière de jouer sur les mots. Effectivement il n'y a pas eu de conférence (formelle) de génération de forces. Mais tous les Etats membres ont été déjà testés individuellement. Le Premier ministre Elio di Rupo avait cependant indiqué les conditions belges au dernier Conseil européen de décembre (pas de participation si ce n'est pas une opération européenne). Mais à la Défense, on semble perplexe. Le budget de la Défense est, au plus serré, affirment mes collègues flamands du Morgen, "Wie betaalt de factuur voor de CAR? Defensie is virtueel failliet" (point besoin d'être parfait néerlandophone pour comprendre ;-). Et le climat préélectoral n'arrange rien comme me l'a confirmé un journaliste belge bien au fait du système décisionnel. De fait, rien n'est encore décidé. Et le dossier n'a pas été soumis à une quelconque décision du kern (le conseil ministériel restreint). Didier Reynders La relève de la force protection dans l'opération EUTM Mali promise par l'Allemagne, pourrait permettre à ces pays (Belgique, Espagne) d'avoir des troupes disponibles pour la Centrafrique, peut-être pour une éventuelle seconde rotation.

L'Italie se tâte. « A priori il ne devrait pas y avoir de contribution. Mais on ne sait jamais » se hasarde un diplomate. L'Italie « est déjà très engagée sur d'autres terrains et ne devrait pas envoyer de troupes, sauf éventuellement au niveau logistique » a complété une source italienne lors du Conseil des Affaires étrangères. NB : l'Italie a, en ce moment, un projet pilote d'hôpital de campagne mené dans le cadre de l'agence européenne de défense (lire : L’Europe muscle sa défense. 11 projets opérationnels). Ce serait l'occasion de le tester... Mais il y a beaucoup de contraintes (opérationnelles, financières...) qui limitent la participation italienne qui préfère se concentrer sur d'autres terrains africains (Corne de l'Afrique, Sahel). Et la question de la détention des "Maro" (fusiliers-marins) empoisonne la vie politique à Rome qui ne voudrait pas se retrouver avec un second problème de type-là. Ce serait donc plutôt Non.

Ceux qui n'ont rien décidé ... mais plutôt Non

L'Autriche n'a encore rien décidé. Un ou deux articles faisait état vendredi d'une participation décidée de Vienne. Démenti catégorique effectué par un diplomate à B2. « Aucune décision n'a été prise ». Ce qui est certain, poursuit un autre, c'est que le gouvernement de coalition a « décidé d'augmenter sa participation dans les opérations extérieures ». En fait, l'Autriche pourrait augmenter surtout sa contribution aux opérations de maintien de la paix au Mali (ONU et/ou EUTM Mali) et au Kosovo.

L'Espagne est silencieuse. A priori, Madrid reste « plutôt favorable à faire un soutien bilatéral » à la France si Paris en fait la « demande expresse ». L'Espagne a déjà basé un C-130 Hercules à Libreville avec un petit détachement Air qui va faire des navettes avec la Centrafrique. Une dizaine de rotations sont prévues ce mois. Le ministre des Affaires étrangères devrait cependant indiquer la position du gouvernement lors de la réunion.

Le Luxembourg pourrait participer. Aucune décision n'a cependant été prise au sein du gouvernement. Signalons que le pays a décidé de participer à la mission au Mali (avec la participation de 2 soldats luxembourgeois). Un pays important pour le Grand-Duché qui compte sur une relance des projets de coopération, surtout dans la région de Tombouctou.

Ceux qui ne participeraient pas

En l'état, certains pays (Pays-Bas, Bulgarie, Royaume-Uni, Slovénie, Irlande, Croatie) ne comptent pas vraiment participer à l'opération.

La Bulgarie ne compte pas contribuer, sauf si c'est dans le cadre du battlegroup, que personne ne songe à envoyer...

La Croatie n’a pas l'intention d'envoyer des troupes « pour le moment, à moins que ce soit dans des situations extraordinaires ». La ministre Vesna Pusic l’a confirmé à nos collègues du quotidien Vecernji. « Nous avons nos soldats en plusieurs points, et nous nous sommes concentrés sur la mission militaire où nous avons une forte présence, comme l'Afghanistan, ou dans des zones que nous considérons comme notre grand voisinage » (Balkans, Géorgie...).

En Irlande, « aucun envoi de troupes ne sera étudié avant que la mission soit autorisée », par l'ONU comme par une décision-cadre de l'UE. Et actuellement , une participation ne parait « pas envisageable », a précisé le ministre des Affaires étrangères, Eamon Gilmore, le 20 janvier, « nous sommes déjà engagés dans la mission en Syrie » (mission de l'ONU au Golan).

La Slovénie « soutient l'initiative pour déployer une mission de l'UE » - a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Ljubljana. « Mais à cause des ressources militaires et financières limitées, on ne planifie pas de contribution ». Cependant, durant la réunion,  le ministre Erjavec a laissé entendre d'une possible participation.

(*) Europa kann Frankreich dabei nicht alleine lassen. (...) Wenn in Schwarzafrika und Subsahara Instabilität, Vertreibung und Terrorismus drohen, deren Folgen in Europa ankommen.

(Mis à jour - lun 20.01 - 10h, 12h, 13, 15h, 17h lors du Conseil des ministres - Belgique, Irlande, Italie, Suède, Autriche, Croatie, Grèce - 21.01 : Hongrie, Finlande, Slovaquie, Portugal + réorganisation des catégories)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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