B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages

Aide humanitaireGolfe Moyen-Orient

400 millions d’euros supplémentaires pour les Syriens. Mais pataquès à la Commission

Barroso annonce 400 millions d'euros supplémentaires pour la Syrie (Crédit: EBS/capture)

(BRUXELLES2) À défaut d'armes, l'Europe va envoyer de l'argent. La Commission européenne a annoncé le déblocage de 400 millions d'euros supplémentaires pour venir en aide aux réfugiés syriens et surtout aux pays limitrophes qui accueillent ces populations.

Une mesure extraordinaire

Le président Barroso l'a annoncé aujourd'hui (jeudi 6 juin), personnellement, dans un message télévisé. Un mode de communication plutôt inhabituel qui témoigne de la préoccupation européenne sans doute mais aussi de la volonté du président de la Commission de s'impliquer dans le dossier. Face à « la crise humanitaire la plus dramatique de ces dix dernières années », la Commission « va mettre en oeuvre une approche complète d'assistance avec de l'aide humanitaire et non humanitaire mobilisant une tranche additionnelle de 400 millions d'euros pour la Syrie et les pays voisins, en particulier le Liban et la Jordanie », a-t-il expliqué.

Cette somme viendra ainsi s'ajouter aux 460 millions déjà engagés par la Commission depuis le début de la crise, et aux 380 millions d'euros versés par les Etats-membres de l'UE. Le total de l'aide européenne dépasserait le milliard d'euros, soit la plus grosse aide au plan international. Pour José-Manuel Barroso, cependant, cette aide n'est qu'un « palliatif ». Il demande ainsi une solution politique qui comprendrait un « accès humanitaire » et la mise en place d'un « gouvernement de transition ».

NB : L'aide humanitaire comprend l'ensemble des mesures pour permettre la survie de ces populations déplacés. Le « non-humanitaire » regroupe les aides de santé, d'éducation, ou aux communautés et gouvernements locaux.

Cette déclaration intervient alors que les agences des Nations-Unies vont lancer demain (vendredi 7 juin) « un nouvel appel aux dons internationaux pour financer les activités humanitaires en Syrie et dans les pays voisins » a expliqué la Commissaire en charge de l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva. Elle en a profité pour rappeler le terrible bilan de la crise syrienne : « 1,6 millions de réfugiés, qui mettent les pays du voisinage sous une pression insoutenable. 7 millions de personnes ont maintenant besoin d'assistance humanitaire dont plus de la moitié sont des enfants. »

Situation confuse à la Commission

Cependant, c'est un tout autre son de cloche qui avait été donné à la presse à midi par les responsables du budget européen. Interrogé par notre confrère du Monde et B2 à propos de la Syrie, lors du briefing de la mi-journée, Patrizio Fiorilli, le porte-parole du Commissaire au Budget (Janusz Lewandowski) a averti, de façon très explicite, qu'avec les règles « d’intransigeance » budgétaire actuelles, « il n'y a plus de marge ! ». « Si on a besoin de quoi que ce soit de supplémentaire, qui n'a pas été prévu par le budget de l'Union, on devra demander à rehausser les plafonds » qui fixent la capacité d'intervention du budget européen. « Pour 2013 on a atteint le plafond budgétaire, même si on avait encore de l'argent, la limite est atteinte ». « Pour l'instant tout est couvert. Mais si on a besoin de plus de soutien à l’avenir on risque d'avoir un problème. » Apparemment entre 12h30 et 15h30, date de la communication du président de la Commission, on a ainsi pu trouvé en un tour de main 400 millions d'euros. C'est pour une "bonne cause". Et donc on pourra s'en réjouir. Mais au plan de la logique européenne, comme dirait un expert du sujet, c'est à « se taper la tête contre les murs » pour comprendre !

(NGV / TLB)

Thomas Le Bihan

Etudiant en "Affaires Publiques parcours Gouvernance Européenne" à Paris I. Stagiaire à B2. Suit l'actualité du Parlement européen.

s2Member®