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Ne soyons pas naïfs… avertit Barroso

(BRUXELLES2) C'était un peu le sens de certains éléments du discours sur « l'Etat de l'Europe » qu'a prononcé hier (jeudi 9 novembre) à Berlin, le président de la Commission européenne.

La gouvernance renforcée de la zone euro ne signifie pas moins faire à l'extérieur, au contraire

José-Manuel Barroso a, bien entendu, centré son intervention sur les questions économiques. Mais il a aussi tenu à marquer son attachement à une certaine Europe politique et... à la défense européenne. « Nous avons besoin d'une Union de responsabilité mais aussi de solidarité. Si nous sommes d'accord que nous partageons un destin commun, alors nous appartenons (au même) ensemble. La gouvernance renforcée de la zone euro doit en être un pilier central (...). Mais cela ne devrait pas nuire à l'importance du renforcement de l'intégration européenne dans d'autres domaines, notamment des Affaires étrangères et à la politique de sécurité commune et de défense. L'Europe ne peut compter dans le monde seulement si elle est forte et unie de façon active autour de ses valeurs et ses intérêts. » Car - a-t-il ajouté - « Ne soyons pas naïfs, sans dimension politique, sans une dimension diplomatique et sans aussi la capacité de projeter sa puissance, nous ne serons pas aux défis du monde d'aujourd'hui et demain. »

Que les grincheux n'empêchent pas les autres d'avancer

Puis le président a attaqué bille en tête les grincheux et les mauvais élèves. « La vitesse de l'Union européenne, et a fortiori de la zone euro, ne peut pas être la vitesse du plus lent de ses membres ou des plus réticents. Il existe et il doit exister - et il y a en effet ! - des dispositifs de sauvegarde pour ceux qui ne veulent pas aller de l'avant. Mais c'est une chose de ne pas aller de l'avant, et tout autre chose d'empêcher les autres d'avancer. » Et tac ! Un propos qui pourrait très bien être plaqué à la politique de défense et s'en prend clairement aux Mister No de la cause européenne, à commencer par le premier d'entre eux : le Royaume-Uni.

Une pierre dans le jardin de Sarkozy, Van Rompuy et Merkel : la coopération intergouvernementale, ca ne marche pas

Et sur sa lancée, Barroso a continué se livrant à une critique (vive) de la « coopération intergouvernementale » qui n'a pas prouvé son efficacité. Coopération intergouvernementale défendue en quelque sorte par la France (et aussi l'Allemagne), mais aussi par le président du Conseil, Herman Van Rompuy. « L'Europe ne doit pas revenir en arrière avec une espèce de développements qui ne se dérouleraient qu'à travers la coopération intergouvernementale seule. Cela nous ramènerait au 19e siècle (...) quand la paix et la prospérité étaient censés être garantis grâce à un équilibre précaire entre un nombre limité de puissances - les grandes puissances, puissances moyennes, petites pouvoirs en Europe. Nous savons très bien que ce genre d'équilibre des pouvoirs ne fonctionne pas. »

Discours intégral (en anglais) : docs de B2

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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