Gestion de crise PSDCLecturesWeekEnd

“La gestion civile des crises” de Stéphane Pfister

(BRUXELLES2) La thèse rédigée par Stéphane Pfister pour l’obtention d’un doctorat en Sciences politiques à l’Université de Genève est intéressante à plus d’un titre. Car elle se consacre à la « gestion civile des crises : un outil politico-stratégique par excellence (…) au service de la politique étrangère de l’UE ». Et elle met sur le focus sur un pan souvent négligé de l’Europe de la défense.

Une politique longtemps ignorée. Comme le dit lui-même l’auteur : « Limitée dans sa taille et dans ses ambitions, l’Europe de la défense ne s’est pourtant pas développée comme on aurait pu l’imaginer. Elle a ainsi émergé progressivement comme un ensemble civilo-militaire original, où les aspects civils et policiers sont devenus, de fait, prépondérants. (…) Longtemps ignorée, la montée en puissance des structures et des activités opérationnelles de la (Gestion civile de crises) est soulignée par tous les commentateurs qui peinent toutefois à l’analyser en profondeur, faute de lentilles conceptuelles adéquates. Le plus souvent, les capacités du volet civil de la PESD sont d’ailleurs considérées comme quantité négligeable : ne sont-elles pas l’illustration de l’incapacité des Européens à se départir de leur pusillanimité ? Comment prendre au sérieux une UE capable de projeter tout au plus quelques gendarmes, juristes et douaniers ? Les grands débats stratégiques sur la PESD semblent dès lors tourner autour des seuls aspects militaires, avec en filigrane, la question du « fossé transatlantique » en matière d’investissements et de capacités de défense. L’UE affiche pourtant son ambition à faire de la PESD un ensemble unique où les deux volets civil et militaire interviendraient en parfaite complémentarité. Cette dualité civilo-militaire marque assurément la spécificité de l’UE dans l’architecture internationale de la sécurité. Elle peut lui permettre de « faire la différence » par rapport aux acteurs de rang équivalent. »

Très détaillée, étayée, documentée, cette thèse ne laisse rien au hasard (à Télécharger ici). Elle passe en revue tant les aspects politiques
qu’opérationnels, ne négligeant pas de pointer les difficultés ou demi-succès de telle ou telle mission.
Du terrain à la théorie en quelque sorte. Ce n’est pas très étonnant quand on connaît le cursus de l’auteur : officier de carrière qui a servi sur plusieurs théâtres d’opérations multinationales, il s’est “reconverti” dans l’enseignement et la recherche, notamment comme maître-assistant à l’université de Genève, depuis 2004.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).