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Un strapontin européen pour Giscard

(archives B2) Valéry Giscard d'Estaing a enfin retrouvé un siège d'envergure internationale. Agé de 75 ans, celui qui fut un des plus jeunes ministres français, à 32 ans, a en effet été nommé, par les Quinze chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Laeken (Belgique), « président de la Convention sur l'avenir de l'Europe ». Chirac comme Jospin s'en réjouissent. Vingt ans après son éviction de la présidence de la république en 1981... notre VGE national a retrouvé un petit strapontin. Par la grâce du consensus européen.

« Le soutien d'Etats dès le premier tour de table était si important qu'on ne pouvait évacuer sa candidature » nous explique Annemie Neyts, ministre adjointe des affaires étrangères. Selon nos informations, VGE aurait ainsi reçu outre le soutien du couple franco-allemand, de l'Italie, l'Espagne et l'Autriche. Comme certains Etats plus réticents ont suggéré que ce n'était pas le top, la présidence belge a alors sorti une solution de sa poche. « Nous avons alors cherché quelqu'un qui ait suivi au plus près les développements européens depuis Maastricht. » C'est ainsi que deux vices-présidents ont été nommés, deux vieux routiers de la politique européenne, l'ancien premier ministre belge, Jean-Luc Dehaene (chrétien-social), aujourd'hui bourgmestre de Vilvorde et Giulano Amato (socialiste), ancien chef de gouvernement italien.

« Nous avons le même esprit européen, je pense » estime Jean-Luc Dehaene. Et si VGE n'a pas été associée aux derniers travaux européens, « il devra s'adapter ». Quant à Jacques Delors, il a été laissé sur le bord de la route. Sans grand regret apparemment. « C'eut été un mauvais choix » l'exécute un diplomate étranger. Seul, Lionel Jospin a versé quelques, larmes, de crocodile, devant la presse française. Pour Giscard et ses acolytes le travail commencera dès mars et durera un an. La Convention réunira des représentants des gouvernements et les parlements de 28 Etats, déjà membres ou candidats à l'adhésion, ainsi que des parlementaires européens. Mais point de société civile. Quelques représentants des biens poussiéreux comité des régions et du comité économique et social et des partenaires sociaux seront bien « invités comme observateurs ».

D'ici là, Giscard aura alors peut-être trouvé le moyen d'aller rapidement à Bruxelles. Son absence des travées de Laeken a été plutôt commentée amèrement par les observateurs présents sur place. Un premier faux-pas…

Nicolas Gros-Verheyde

paru dans France-Soir, décembre 2001

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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