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The Syrian conflict continues. The refugees stay. Report from Jordan

(Credit: LM)
(Credit: LM)

(BRUXELLES2 – en Jordanie) Tahir vend ses coupons d’aide alimentaire pour nourrir sa femme et ses deux enfants. Fadijah cherche à payer son loyer. Safa a froid dans sa tente au camp de Zaatari. Anas n’a qu’un rêve : repartir en Syrie. Ils ont fui les régions d’Alep, de Damas et de Deraa. Ils ont franchi la frontière jordanienne par la route principale ou par le désert. Ensemble, ils forment une infime partie des 600 000 réfugiés syriens, enregistrés par le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) en Jordanie. Recueillis par l’armée, placés dans des camps ou dans des communautés d’hôtes, ils attendent de pouvoir retourner au pays une fois la guerre terminée. Mais le conflit syrien dure, le « provisoire » s’installe et la solidarité d’hier laisse place à de nouveaux trafics. Reportage.

Seven days to cross the border 

“It took us almost 7 days to cross the Jordanian border” says Safa, a 14-year-old girl who fled the Syrian city of Deraa a month ago, besieged by the regime's armed forces. “With my family, we drove through the border post in Iraq”. For these inhabitants of Deraa, located only 5 kilometers from the western Jordanian border, the detour is obligatory. Because the western portion of the border is " closed » du moins officieusement par les autorités jordaniennes depuis mars 2013, suite à la recrudescence des combats dans la région. Pour Safa, c’est le début d’un long parcours : après avoir fait plusieurs centaines de kilomètres dans le désert syrien, elle franchit la frontière au poste de At Waleed à la frontière irakienne, avant d’être récupérée par l’armée jordanienne. La famille entame alors le chemin en sens inverse. Direction : le centre d’enregistrement des réfugiés géré par le HCR et situé à Raba Al Sarhan. Reconnus enfin comme réfugiés, Safa et sa famille sont installés dans le camps de Zaatari, qui compte aujourd’hui plus de 80 000 personnes : « Once we arrived at the camp, we thought we weren't cold anymore, but we're still cold." déplore l’adolescente. Car le vent s’infiltre entre les tôles des abris. Et l’hiver s’annonce rude : « On nous a donné des litres de gaz mais on n’a pas encore de poêle » explique Safa. Elle devra pourtant s’adapter ou quitter le camps de Zaatari. Mais sortir de ce camp, entouré de barbelés, ne se fait pas impunément. Cela a un coût.

S’installer en dehors du camps : une chance ?

Originaire du village de Zabdean, à côté de la ville de Damas, Fadijah n’a passé que 10 jours dans le camps de réfugiés de Zaatari. « J’ai eu de la chance » avoue cette mère de cinq enfants. Car pour partir du camps, “You have to find a Jordanian and give him between 150 and 500 Dinars (between 155 and 515 euros) ». Pour Fadijah, c’était simple : « le mari de ma sœur, qui est jordanien, m’a avancé l’argent ». Depuis un an, Fadijah vit chez son beau-frère dans la capitale jordanienne, à Amman. Et l’espace est restreint : “three bedrooms and a kitchen for nine people”. Au départ, il n’a pas demandé de loyer à sa belle-famille. Mais maintenant, « c’est devenu trop cher pour lui ». L’afflux de réfugiés a fait grimper en flèche le prix de l’immobilier, multiplié par trois en deux ans. L’assistance humanitaire était le seul recours pour Fadijah. Présentes à l’intérieur des villes, les organisations humanitaires, le HCR, l’organisation catholique Caritas, ou encore CARE proposent des aides d’urgences. Des programmes de distribution de cash, sous forme de cartes de débit, avec pour objectif : redonner aux réfugiés comme Fadijah une certaine autonomie. Mais celle-ci s’arrête bien vite. Car il est interdit aux réfugiés de travailler.

Work in fear

“I am not allowed to work” déclare Tahir, un jeune Syrien de 27 ans, réfugié à Amman avec sa femme et ses deux enfants. Son statut lui interdit en effet l’accès au marché du travail. Mais cela ne l’a pas empêché de travailler au noir. Tahir a fait des petits boulots saisonniers, des travaux discrets, toujours la nuit “not to be noticed” affirme-t-il. Mais cela n’a pas suffit. « C’est la deuxième fois qu’ils m’attrapent entrain de travailler. J’ai dû signer un papier pour dire que je n’allais pas continuer ». And the Jordanians are not joking: « S’ils me rattrapent la prochaine fois, ils me renvoient en Syrie » says Tahir. Out of fear, he stopped working six months ago. Now, to survive, « je vends les coupons de l’aide alimentaire pour avoir du cash ». Mais avec ses « deux coupons par mois », Tahir can't go far. Until then, we « s’en est sorti ». But after ? For many, the only solution is still to return home.

One goal: to go back to Syria

“Go back to Syria” C’est le but que s’est fixé Anas. Pour ce jeune Syrien de 25 ans, diplômé en psychologie, c’est la seule manière d’avancer dans la vie. Là bas, “I could do my doctorate” déclare-t-il plein d’espoir. En Syrie, Anas enseignait la psychologie aux étudiants. Maintenant, il remplace un instituteur pour les vacances dans une des quatre écoles du camps de Zaatari. Anas n’a plus de papiers et ne peut pas prouver ses qualifications. « Ici je suis obligé de refaire six ans à l’université car mes diplômes ne sont pas reconnus » he explains. Besides the diplomas, Anas wants to join his mother and his sister. Former refugees from the camps, they are among the 300 to 400 people who make the reverse journey each month from the Zaatari camps to the Syrian border. “They left by bus to a safer place in Syria near Deraa”. En attendant, Anas n’a pas de nouvelles d’elles et rechigne à franchir le cap : trop dangereux. “A single man of my age can hardly cross the Syrian border. I could be mistaken for a resister. »

(Loreline Merelle)

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Loreline Merelle

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