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Les Suédois achètent US et font la nique à l’hélicoptère européen

La Suède a décidé de ne pas acheter européen mais plutôt américain pour renouveler une partie de son parc d'hélicoptères dédié essentiellement aux opérations Search and Rescue ou EvaSan (évacuations sanitaires). Le marché concerne15 machines pour un coût global d'environ un demi milliard d'euros. L'offre d'Eurocopter avec son hélicoptère Cougar EC-725 a été écartée au profit de l'offre américaine qui proposait ses Sikorsky UH-60M Black Hawk. Raison officielle de ce choix : le coût et la moindre prise de risque, affirme-t-on à Stockholm qui préfère mener la « négociation finale qu’avec les Américains ».

La coopération selon Stockholm : acheter américain, coopérer européen

Un coup dur pour le constructeur européen qui avait fait un effort notable pour s'aligner sur le concurrent américain. Mais aussi une attitude pour le moins surprenante du pays d'Ingmar Bergman. La Suède se voulait depuis quelques mois le bon élève, revendiquant une intégration européenne plus poussée. N'a-t-elle pas ainsi récemment signé avec l’Allemagne, un papier sur le « pooling and sharing » préconisant le renforcement de la coopération capacitaire européenne ? Précisons en outre que c'est un général suédois qui préside le Comité militaire de l’UE (tandis qu'un de ses ambassadeurs a été nommé pour présider le Comite politique et de Sécurité ou COPS).

La préférence communautaire redevient nécessaire

Si l’on suit cette voie, la conception suédoise du « pooling and sharing » va consister à gérer des stocks américains. Et l’industrie européenne de défense ne sera plus qu’un vague souvenir. Les restrictions budgétaires qui s’alignent actuellement en Europe ont déjà rogné leur base naturelle de développement. En donnant la primeur aux produits déjà existants sur le marché, avec le seul ratio du moindre coût immédiat, les Européens sont en train de se tirer une balle dans le pied. Car entre un Américain qui produit à milliers d’exemplaires et des Européens qui produisent au maximum à des centaines au compteur, il n’y a pas photo. Le premier (qui bénéficie du bénéfice de "l'achat sur étagère") sera toujours moins cher que le second, d’un strict point de vue financier. Et le « made in Europe » (je ne parle même pas du made in France) est condamné, si les Européens ne mettent pas rapidement en place une « préférence communautaire ». D'autant plus qu'une industrie de défense ce n’est pas uniquement une production et des emplois, c’est aussi un savoir-faire et une autonomie stratégique. Se reposer sur les Américains pour les produits signifie renoncer, un peu plus, à une autonomie d'action.

(crédit photo : Sikorsky)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

2 réflexions sur “Les Suédois achètent US et font la nique à l’hélicoptère européen

  • Bonjour
    Il faut bien donner une sorte de blanc-seing pour le soutien à l’export du Gripen… bourré de technologies US…

  • Nonmaisdisdonc

    Ils ne sont pas les seuls..que penser du choix du JSF35 par les Bataves qui préfèrent réduire leur commande en raison du coût aujourd’hui nettement prohibitif de cet avion au lieu de faire le choix d’un avion européen moins couteux (Typhoon, Rafale, JAS suédois) ???
    La concurrence entre USA et Europe est déjà budgetairement difficile mais sans un choix préférentiellement européen l’Europe de la défense ne restera qu’un vague espoir

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