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The cancellation of the US-EU summit: a slap in the face or a fix?

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Il y a un hiatus décidément entre l’Europe et les Etats-Unis. Le discours d’Hillary Clinton, fin janvier à l’Ecole militaire, était déjà une indication que l’Union européenne et sa politique de défense comptaient très peu voire pas du tout aux yeux de Washington (read here). La décision prise par Obama de ne pas assurer sa présence lors du sommet UE-Etats-Unis est une nouvelle gifle, autrement plus conséquente, puisqu’elle concerne un agenda prévu de longue date.

Même si, de part et d’autre de l’Atlantique, on cherche à minimiser l’incident, en invoquant des problèmes de calendrier, ce n’est pas vraiment cela qui semble en cause. Le porte-parole du Département d’Etat, interrogé par des journalistes, mardi, lors de son daily briefing, l’a d’ailleurs reconnu. Les Etats-Unis ne comprennent plus très bien qui commande vraiment dans la “boutique européenne” et attendent de voir, que la fumée s’éclaircisse.

Avec “Lisbonne”, on ne sait plus très bien qui fait quoi in Europe.
These are basically the terms of Philip J. Crowley, l’assistant du secrétaire d’Etat : "... We're – in light of the Lisbon treaty, we're going through – Europe is going through some adjustments in terms of the processes through which US-EU summits occur. Up until recently, they would occur on six-month intervals, as I recall, with one meeting in Europe and one meeting here. And that was part of – the foundation of that was the rotating presidency within the EU. Now you have a new structure regarding not only the rotating EU presidency; you've got an EU Council president, you've got a European Commission president. So Europe itself is reassessing how these meetings are going to be – when these meetings are going to be held. » (...) We're at a juncture where the structure has changed, and so the structure is not only at the leader level, but at the ministerial level. All of this is kind of being reassessed in light of meeting architectural changes in Europe. »

A transatlantic misunderstanding?
A croire que la visite de Catherine Ashton à Hillary Clinton la semaine dernière n’a servi à rien sinon à brouiller encore plus le message européen. Que s’est-il dit réellement entre les deux femmes ? On peut légitimement s’interroger sur la teneur de la conversation et la conviction européenne développée par la Haute représentante de l’UE. Soit la relation entre l’UE et les Etats-Unis s’est « détérioriée » à un point tel qu’il est urgent de réparer le lien transatlantique. Soit Catherine Ashton n’a pas été très convaincante, voire pas du tout, ce qui a
convaincu les Américains de ne pas changer leur fusil d’épaule, et qu’il était plus urgent de mettre la priorité sur la Russie, l’Asie voire l’Afrique que sur l’Europe. Soit, encore, ce qui serait particulièrement retord, elle a joué un double jeu, convaincant la ministre des Affaires étrangères américaine que le seul interlocuteur valable était la Commission européenne…

The American Lesson of Lisbon. On peut prendre l’air offusqué de cette “ingérence” américaine qui choisit ses interlocuteurs, refutant l’Espagnol trop faible à son goût, pour préférer un autre : Herman Van Rompuy ou José-Manuel Barroso. On peut aussi avoir une lecture plus optimiste (qui transparaît aussi par moments dans l’intervention d’Hillary Clinton, à l’école militaire). Les Etats-Unis veulent avoir une Europe, qui se prenne en charge, toute seule, et ne vienne pas quémander qui un bouclier anti-missiles, qui des moyens de transport, des armes, ou de protection pour ses troupes en Afghanistan ou en Afrique, etc… Et surtout une Europe qui arrête de s’apitoyer sur elle-même tout en faisant la leçon aux Américains. Ceux-ci se sentent, peut-être un peu comme un père (ou une mère) face à un jeune adulte qui reste au foyer, avec le repas fait par la mama, la voiture et la machine à laver à disposition… et qui se permet (encore) de critiquer quand le repas
n’est pas servi à l’heure ou qu’on lui demande un effort collectif…

The slap, deserved!
L’Europe pourrait, peut-être, arrêter de s’autocentrer sur ses (petits) problèmes institutionnels et se prendre en main. S’affirmer un peu plus ? Cela ne sert à rien d’avoir des “têtes” si celles-ci ne s’expriment pas, n’élèvent pas un peu le débat, montrent le chemin… Il faudra aussi, un jour, que les Européens se penchent sur les moyens de leur autonomie : avoir les moyens de leur sécurité par exemple. Pourquoi le bouclier anti-missiles à l’Est de l’Europe n’est pas pris en charge et installé par les Européens ensemble ? Après tout, le risque iranien (ou si russe il y a) concerne autant, sinon plus, les Européens que les Américains. Pourquoi faut-il toujours se reposer sur les Américains pour fournir les moyens de transport stratégiques ou les mettre en pool ? Pourquoi les Européens sont incapables de faire l’effort de visibilité et de logistique dont ont été capables les Américains à Haïti ? Pourquoi les Européens ne disent pas “non” clairement à une double stratégie américaine qui perdure en Afghanistan et mine tous les efforts de pacification : d’un coté le développement, la  reconstruction, de l’autre l’action militaire offensive Enduring Freedom ? Etc… Il y aurait là matière à débat. Et je gage qu’Obama ferait alors le déplacement…

(crédit photo : Maison blanche, discours sur l’Union)

Nicolas Gros Verheyde

Chief editor of the B2 site. Graduated in European law from the University of Paris I Pantheon Sorbonne and listener to the 65th session of the IHEDN (Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale. Journalist since 1989, founded B2 - Bruxelles2 in 2008. EU/NATO correspondent in Brussels for Sud-Ouest (previously West-France and France-Soir).

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