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The blocking of pirate ports (wanted by the Spaniards): “bullshit”!

(BRUXELLES2) Oh… bien sûr, le contre-amiral Hudson, commandant l’opération européenne anti-piraterie Atalanta, est bien trop poli et trop politique pour l’avouer. Et quand des confrères espagnols – après son audition au Parlement européen – asked him the question de savoir si l’idée espagnole de bloquer les ports des pirates était une bonne idée, il a répondu sagement : « nous n’avons pas le monopole des bonnes idées. Toute idée est à étudier »… Il n’en pensait pas moins ! Pour tout dire – m’ont avoué plusieurs responsables européens, militaires et diplomates, que j’ai interrogés – “C’est une vaste c…”.

L’idée paraît cependant séduisante au premier abord. Pourquoi couvrir tout l’Océan indien alors qu’il suffit de bloquer les quelques ports d’où les pirates opèrent ? Et Hudson reconnaît lui-même que, pour lui, c’est difficile : "There is nothing more frustrating for me and my men who cruise, less than 300 meters from the Somali coast, and see skiffs with people with ammunition who are not doing piracy, but prepared to do so, to prepare their acts of piracy. » Oui, mais voilà… Entamer un blocus des ports n’est pas vraiment évident au plan juridique, stratégique, politique et tactique.

An act of war. Tout d’abord, le blocus de ports est un acte de guerre. Empêcher les entrées et sortie de la côte est un acte d’agression. Il n’est pas autorisé non plus par la résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies qui autorise le recours à la force. Certes, là il ne s’agit que de bloquer les pirates. Mais il faudrait aussi fouiller tout navire qui quitte la côte. Or, qu’est-ce qui distingue un “honnête” pirate d’un “pauvre” pêcheur ? : le type de bateau ? non ; le port d’armes ? non plus. En effet, non seulement le port d’armes n’est pas interdit en mer; mais il est même recommandé, selon les directives du gouvernement somalien. Et, puis, nul doute que les pirates s’adapteraient rapidement à cette nouvelle donne. Comme en témoigne Hudson : « Pirates have a lot of imagination. They are very talented entrepreneurs. One fine day, they practice their fishing activity completely legally, with a mother boat and small skiffs behind. Then like any dynamic entrepreneur, as soon as they see a boat passing on the horizon, they become pirates. »


Tactical difficulty. Then, and above all, at the operational level, how to control an entire coast, with just a few frigates? Here we find the same question of means that already arises on the high seas. The pirates operate from several areas: around Eyl, Xarardheere, the Raas of Xanfuun or Caluula. Between all these cities, there are more than 1000 km of coastline! « There would be around 3000, maybe 5000 skiffs in Somalia – assure le commodore Pieter Bindt, qui commande la force de l’UE sur zone (EUNAVFOR) — et le pouvoir de l’argent augmente des moyens »… Il suffit d’un bout de plage ou d’une petite anse, pour embarquer à bord des skiffs (qu’ils soient de pêche ou pirates), nul besoin vraiment d’un port, comme pour les navires de guerre.

political bravery. Enfin, il faut être prêt à assurer des pertes, de part et d’autre. Là il ne s’agit plus de protéger des navires et d’agir en “légitime défense”. Mais d’aller à l’attaque. Et le risque n’est pas nul. Il suffit de demander aux Norvégiens qui se sont livrés à plusieurs contrôles près des côtes. Ils ont essuyé, à au moins deux reprises, des shots from Somali boats. S’il n’y a pas eu de pertes coté  norvégien (cette fois), coté somalien, on parle d’au moins deux morts. Je ne suis pas totalement sûr que les Etats (Spain, Belgium… notamment) qui réclament un blocus des ports, seraient prêts à endosser de telles pertes, répétées tous les jours…

Nicolas Gros Verheyde

Chief editor of the B2 site. Graduated in European law from the University of Paris I Pantheon Sorbonne and listener to the 65th session of the IHEDN (Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale. Journalist since 1989, founded B2 - Bruxelles2 in 2008. EU/NATO correspondent in Brussels for Sud-Ouest (previously West-France and France-Soir).

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