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Je n’en ai rien à f… d’être populaire en Europe. Les Européens doivent payer (Trump)

(B2) Le président américain n'a pas abandonné son envie de critiquer les Européens. Dans sa première conférence de presse 2019, début janvier, Donald Trump a répété son antienne favorite : l'Europe profite et ne paie pas assez

Donald Trump (crédit : Maison Blanche)

Il met la barre non pas à 2% (comme la norme OTAN) mais à 4% pour les budgets de défense

L'Europe, je m'en fiche

Interrogé sur son éventuelle impopularité en Europe, l'hôte de la Maison Blanche a eu cette phrase « Je me fiche de l’Europe. Je ne suis pas élu par les Européens. Je suis élu par les Américains, par les contribuables américains ».

Les Européens profitent

Donald Trump a ensuite répété son antienne favorite : les Européens (ou les Japonais), sont des profiteurs ! « Beaucoup de pays ont profité de notre armée.  [...] Nous accordons une protection militaire aux pays très riches et ils ne font rien pour nous. Vous pouvez les appeler alliés si vous le souhaitez, [...], mais nombre de nos alliés profitent de nos contribuables et de notre pays. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire. »

Ils vont devoir payer

« Nous négocions actuellement avec de nombreux pays pour verser plus d’argent aux États-Unis pour ce que nous faisons pour eux. Je ne dirais pas qu’ils sont ravis. Parce qu’ils ont passé de nombreuses années sans payer. Mais, maintenant, ils vont devoir payer. »

La barre placée à 4%

Et d'ajouter de façon précise : « Je veux que l'Europe paye. L'Allemagne paie 1%. Ils devraient payer plus que cela. Ils devraient payer 4% (1). D'autres pays paient un petit pourcentage de ce qu'ils devraient payer. »

La contribution aux opérations en Irak et en Afghanistan, insuffisante

Pour le président américain, la contribution des Européens dans les opérations conduites par les Américains, que ce soit en Irak ou en Afghanistan, est aussi minime. « Vous savez, quand un pays nous envoie 200 soldats en Irak ou 100 soldats d’un grand pays en Syrie ou en Afghanistan, ils me disent cent fois : « Oh, nous vous avons envoyé des soldats. Nous vous avons envoyé des soldats'. Mais c’est un centième de l’argent dont ils profitent. »

Les militaires US mauvais en Afghanistan

Au passage, Donald Trump égratigne les généraux américains et, en particulier, son ancien secrétaire à la Défense, Jim Mattis, démissionnaire, pour n'avoir pas fait le 'job' en Afghanistan. « J'ai donné à nos généraux tout l'argent qu'ils voulaient. [Mais] Ils n’ont pas fait un si bon travail en Afghanistan. [...] Le général Mattis était tellement ravi [de la rallonge budgétaire]. Eh bien, qu’a-t-il fait pour moi? Qu'est-ce qu'il fait en Afghanistan ? Pas vraiment bien. Pas vraiment bien. »

Objectif : sortir de l'OTAN ?

Cette nouvelle sortie, malgré son côté répétitif, arrogante et un rien vulgaire (le style de Donald Trump), doit être prise au sérieux. Car le président américain semble toujours caresser l'envie de se retirer de l'OTAN, organisation 'obsolète' comme il la dénommait.

« Le président américain, à plusieurs reprises en 2018, a confié en privé qu'il souhaitait se retirer » de l'Alliance atlantique, affirme ainsi Julian Barnes du New-York Times. « Les responsables actuels et les anciens partisans de l'alliance ont déclaré craindre que M. Trump ne reprenne sa menace, les dépenses militaires des alliés continuant de prendre du retard par rapport aux objectifs fixés par le président » ajoute le quotidien new-yorkais.

Les Européens ont intérêt à se préparer pour ne pas être pris au dépourvu. Car ce que dit un jour Trump, il le fait souvent...

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger le compte-rendu officiel

  1. L'objectif fixé par l'OTAN est de 2% du PIB. Mais Donald Trump avait déjà mentionné un nouvel objectif de 4% lors du sommet de l'OTAN en juillet 2018. Ce qui correspond peu ou prou au budget de défense des États-Unis.
  2. C'est la taxation des voitures qui ne passe pas chez l'ancien homme d'affaire. « Lorsque les voitures rentrent chez nous sans taxe, et qu'on nous demande de payer 25, 40, 50% ? Je serai honnête avec vous, ce n’est pas dans mon ADN. nous ne permettons plus que cela se produise » a-t-il précisé dans la même intervention.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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