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Barroso for ever…

382 voix pour, 219 contre et 117 abstentions. C’est net, propre et sans bavures. La reconduction de José-Manuel Barroso, à ses fonctions de chef de Président de l’exécutif européen pour 5 ans, s’est déroulée mieux que prévue au Parlement européen à Strasbourg. Mis à part quelques incidents électroniques, les clés de vote de certains députés ne marchant pas au dernier moment, tout a fonctionné sur des roulettes. Et le seuil symbolique de la majorité absolue a même été dépassé.

Quand Barroso fait son entrée dans l’hémicycle, ses soutiens se lèvent donc et applaudissent longuement. Les fleurs sont au rendez-vous. Fin du suspense. Poussant un ouf de soulagement, un proche de Barroso confie : « Nous sommes au haut de la fourchette que nous pouvions espérer ». Ses opposants les plus farouches, les Verts, peuvent bien clamer que c’est « une journée noire pour l’Europe ». le cœur n’y est plus vraiment. La légitimité politique du Président de la Commission est incontestable.

 

Pour en arriver là, Barroso n’a pas ménagé les efforts. D’abord, il avait le soutien, acquis peu à peu des 27 Chefs d’État et de gouvernement, y compris des socialistes. Un record. Et les Premier ministres espagnol et portugais, notamment, ont bien rappelé à leurs troupes leurs consignes de vote, au nom de la « solidarité ibérique ». Ensuite, il était le seul candidat en lice. Soutenu par les Chrétiens démocrates du PPE, son parti, il n’a rencontré personne sur sa route. Ses opposants (Verts, socialistes, communistes…) n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur un candidat alternatif.

 

Enfin, fait indéniable, Barroso a payé de sa personne, multipliant les promesses pour convaincre les réticents et emporter les indécis. Un « commissaire aux libertés publiques » pour les Libéraux, un « engagement à lutter contre le dumping social » pour les Socialistes, une « Europe moins bureaucratique » pour les eurosceptiques. Il n’a pas hésité non plus à recevoir, en dernière minute, ceux qui avaient encore des doutes, comme les trois députés du Nouveau Centre.

 

Maintenant, la bataille n’est pas terminée. Le nouveau président de la Commission doit constituer sa Commission. Ce qui ne sera pas chose facile. Tous les Etats membres voulant un poste « important », soit au plan économique (Concurrence ou Marché intérieur), soit au niveau des relations extérieures (le fameux Ministre des Affaires étrangères), il faudra éviter de décevoir. « Il a fait tellement fait de promesses à tout le monde qu’il sera difficile de les tenir » estime Catherine Trautmann, chef des Socialistes français, qui ont voté comme un seul homme contre Barroso.

 

Mais pour l’instant, Barroso préfère savourer sa victoire. Il a réalisé son rêve : pouvoir accomplir deux mandats à la tête de la Commission, comme Jacques Delors, au terme d’une élection démocratique (ce que n’avait pas eu à subir Delors).

 

NGV

(publié dans Ouest-France ce matin)

 

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).