Central Southern AfricaReport

Georgians in Bangui: “a way of contributing to Europe” (Levan Buadze)

A Georgian soldier on duty on the roof of the airport - armed with an M4 assault rifle made in the USA (credit: Oper. Sangaris)
Un soldat géorgien de garde sur le toit de l’aéroport – armé d’un fusil d’assaut M4 made in USA – juin 2014 (crédit : Oper. Sangaris)

(BRUXELLES2) C’est une des principales nouveautés de l’opération européenne EUFOR RCA : la présence de soldats géorgiens. Et pas de façon symbolique. C’est toute une compagnie qui s’est déplacée sur le terrain africain.

A double first! C’est la première fois que des soldats géorgiens partent sur un terrain africain, c’est la première fois qu’ils opèrent aux cotés des Européens. Et les 150 hommes du bataillon d’infanterie légère autonome de Batumi, dirigés par le colonel Levan Buadze, ne sont pas là pour faire de la figuration.

An essential presence. Let's say it clearly. Without them, there would have been no European operation in the Central African Republic (or at least not under the same conditions). Their mission is, in fact, to hold the airport. A discreet mission, probably less than visible than the city patrols, but vital. The airport is, in fact, the only route that connects Bangui to the world, whether for passengers or freight (the road route to Cameroon takes a minimum of 6 days of travel).

Interview with Colonel Buadze (*)

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Colonel Buadze in front of the Georgian flag at the Ucatex camp © NGV / B2

What are the missions of your soldiers?

Les militaires géorgiens assurent trois missions : 1°  la sécurité des pistes, afin de s’assurer que personne ne vienne faire irruption sur les pistes, gêner le départ ou l’arrivée des avions. A chaque départ ou arrivée d’avion, les soldats se déploient le long de la piste pour éviter tout problème. 2° Nous faisons des patrouilles autour de l’aéroport, de nuit et de jour, pour sécuriser la zone de l’aéroport et le camp de réfugiés. Nous avons également une section d’intervention d’urgence, en cas de besoin. 3° Depuis le mois d’août, nous faisons également des patrouilles en ville, en véhicule uniquement, afin de s’assurer du contrôle des axes et de la liberté de circulation.

On the balance sheet?

Jusqu’à aujourd’hui, ces soldats ont accompli leur mission. Dieu merci, nous n’avons pas eu d’irruption de personnes sur l’aéroport.

Why are you present in this operation?

Pour nous, c’est une manière de contribuer à l’Europe. Nous avons été présents dans l’opération de l’Otan en Afghanistan et en Irak (NB : avec les Américains dans l’opération de 2003). La Géorgie est tournée vers l’ouest et veut s’intégrer à l’Union européenne comme à l’Otan. C’est important aussi qu’on apporte quelque chose de bien pour Bangui, pour ses habitants, qu’on leur permettre de vivre en paix.

L’Afrique, c’est la première fois pour vous, pour vos hommes ?

Yes. It's the first time. But we are soldiers. And a soldier knows how to adapt. The situation is complicated because you don't really know who is enemy or friend, if the person you are talking to today is not going to shoot you tomorrow.

La situation s’améliore ?

Yes. The situation has actually improved. Nothing worked before. Today we see it improving little by little.

More…

Everything is difficult. A French lieutenant-colonel (who had come to Georgia to give Georgian soldiers an introduction to Central African life) told me during training in Georgia, here it's like the cardiogram of the heart, it's regular, and suddenly it jumps. Sometimes it's calm, too calm, the calm before the storm. This is Africa.

What did you learn ?

J’ai appris comment survivre dans des conditions climatiques difficiles, la chaleur, les moustiques aussi ;-). Moi et mes hommes avons appris aussi le songo (la langue la plus parlée à Bangui). Surtout, avons vu combien existent des gens qui ont beaucoup de problèmes mais qui ont surtout besoin de paix. C’est essentiel pour tout le monde. Vous savez, chez nous, en Géorgie, le premier toast lors d’un dîner est pour la paix. Je souhaite pour ce pays, pour ces habitants qu’ils puissent avoir la paix.

Qu’est-ce qui vous a surpris ?

Les enfants, les plus petits surtout. Ils sont formidables. Ils ont d’abord appris très vite quelques mots de géorgien, bonjour, merci. Et, en quelques semaines, ils ont appris des poèmes, des chansons en géorgiens.

(Comment by Nicolas Gros-Verheyde, in Bangui)


The EUFOR dentist

L’apport du détachement géorgien ne se résume pas à ses 150 soldats. Elle compte un atout sérieux en son sein, intégré au sein de l’équipe santé d’EUFOR RCA : un dentiste … qui ne chôme pas. Il y a peu de concurrence sur Bangui ! Jusqu’à présent, il a déjà soigné plus de 400 personnes. Le matin est réservé au personnel géorgien ou de l’Eufor, l’après-midi c’est ouvert aux “Sangaris”, et autres personnels internationaux ou personnalités locales. Il a soigné ainsi le préfet ou le propriétaire de l’hôtel Ledger, le principal hôtel de Bangui. Il ne parlait pas français. Mais le premier mot français appris a été un terme utile… pour un dentiste : « spit "!


(*) Colonel Levan Buadze a été détaché par l’Etat-Major géorgien pour commander le détachement national. Il parle un français parfait et connait un peu les pratiques de l’armée française. Ce qui n’a rien d’étonnant, ayant suivi l’école des officiers de gendarmerie à Melun en 2001-2002 et l’école d’Etat-Major à Compiègne en 2003-2004 (école aujourd’hui déménagée à Saumur). Durant cette formation, il découvre aussi ses homologues africains (« nous étions 2 Européens et 28 Africains »), une découverte très utile pour cette mission.

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Vue générale de l’aéroport – secteur ONU / ONG – oct. 2014 © NGV / B2
A Georgian soldier controls access to the airport (credit: Oper. Sangaris)
Un soldat géorgien contrôle l’accès à l’aéroport – juin 2014 (crédit : Oper. Sangaris)
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Contingent géorgien au camp Ucatex. Découverte de la position “manches courtes” lors d’une prise d’armes – oct 2014 © NGV / B2
Véhicule géorgien – avec équipement “maison” anti-pluie – avant départ en patrouille de nuit – oct 2014 © NGV /B2

Nicolas Gros Verheyde

Chief editor of the B2 site. Graduated in European law from the University of Paris I Pantheon Sorbonne and listener to the 65th session of the IHEDN (Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale. Journalist since 1989, founded B2 - Bruxelles2 in 2008. EU/NATO correspondent in Brussels for Sud-Ouest (previously West-France and France-Soir).