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Ne pas offrir les JO de Sotchi sur un plateau d’argent à Poutine (Verhofstadt)

(BRUXELLES2 à Moscou) Le dirigeant du groupe libéral et démocrate était à Moscou vendredi pour soutenir le parti républicain-Parnas de l'ancien Premier ministre, ‪Mikhaïl Kassianov‬. L'occasion aussi d'affirmer que les Européens devraient avoir une attitude plus directe avec les autorités russes et ne pas céder aux pressions. Entretien...

Partenariat oriental : aller de l'avant

« Qu’est-ce qui se passe dans les sommets Russie ? De quoi discute-t-on vraiment à part se faire des sourires ? explique-t-il. « On doit faire davantage pression sur la situation interne en Russie, soutenir la société civile, exiger l’application de la règle de droit. Si déjà les règles de droit étaient appliquées, ce serait un progrès. » Quant au partenariat oriental, « il faut aller de l'avant et ne pas céder aux pressions ». Face à l'éventuel chantage au gaz russe, il y a une solution, l'Europe doit aussi réfléchir à sa politique énergétique, pour être autonome. « Sous la présidence britannique, en 2005, Tony Blair avait proclamé une politique commune de l'énergie. Où en est-on ? Des projets d'interconnexion, de gazoduc... Que fait-on sur le gaz de schiste ? On est encore en train de réfléchir quand les Américains en sont déjà à exporter. Il faut définir en Europe une orientation pour la politique énergétique ».

Pas de boycott à Sotchi mais une mise en garde politique

"Les violations systématiques des droits de l'homme en Russie ne doivent pas rester sans réponse. » S'il le boycott des Jeux olympiques de Sotchi ne lui apparait pas nécessaire, en revanche, une attitude concertée des dirigeants européens, comme lors du championnat d'Europe football en Ukraine (où aucun fonctionnaire européen ou chef d'Etat de l'UE n'était présent), lui apparait nécessaire. « Les athlètes et les spectateurs ont passé des années à travailler avec acharnement pour se préparer et participer à une compétition d'un tel niveau. Ces athlètes et spectateurs ne doivent pas être punis, mais nous ne devrions pas offrir sur un plateau d'argent l'occasion d'un coup de publicité politique au président Poutine. » Pour le dirigeant libéral, on devrait s'inspirer du « précédent lors du championnat d'Europe de football en Ukraine où aucun fonctionnaire de l'UE ou chef d'Etat de l'UE n'était présent ».

Une loi Magnitski à l'échelle européenne

Guy Verhofstadt insiste aussi sur la mise en place d’une liste type Magnitski comme aux Etats-Unis. Le Parlement européen a demandé dans une résolution cette liste. Pour l’instant sans résultat. Le seul pays qui a fait une tentative, l’Irlande, a battu en retraite sous pression russe. « D’ici la fin de l’année, nous comptons bien au Parlement européen, adopter une nouvelle résolution accompagnée cette fois d’une proposition de liste de noms. »

Syrie : le siège au Conseil de sécurité existe la responsabilité

Sur la Syrie, la vigilance demeure. « Nous ne pouvons pas donner l'impression de reconnaître que tant que les armes chimiques sont sous contrôle international alors que les massacres peuvent continuer par les moyens conventionnels. Ce serait immoral, hypocrite et irresponsable. » Il faut là aussi que Moscou choisisse un autre chemin. « Le siège permanent de la Russie au Conseil de sécurité et son droit de veto exigent des responsabilités. La Russie doit d'agir maintenant et s'engager dans la résolution du conflit en Syrie. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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