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L’Europe de la défense manque de visibilité sur la Libye, Ana Gomes

Crédit: Europen Parliament/P.Naj-Oleari

(BRUXELLES2) Venu parler de l'action de l'Europe de la défense sur la Libye, et en particulier d'EUFOR Libya, le secrétaire général adjoint du SEAE, Maciej Popowski, n'avait pas la tâche facile en se déplaçant à la salle 1G3 du Parlement européen ce mercredi après-midi.

Venir expliquer aux eurodéputés que les 27 ont, certes, décidé d'une action "EUFOR Libya" mais que celle-ci est pour l'instant "au frigo", est tout sauf populaire et crédible. Et les 20 minutes de retard n'ont pas vraiment aidé à mettre les eurodéputés de bonne humeur. Quand le diplomate est arrivé dans la salle, les eurodéputés étaient chauds comme une... baraque à frites ! Le vert allemand Richard Bütikofer a résumé l'échange en un tweet ravageur : « Ridiculous presentation : no information; unclear goals; duplication with NATO ».

Pourquoi pas une mission EUBAM ou EUMM aux frontières ?

« L'Union européenne a perdu une bonne occasion de s'affirmer, de devenir visible sur la sécurité et de défense commune » a précisé Ana Gomes. La députée socialiste portugaise est particulièrement remontée devant la faiblesse de la prestation européenne. Je lui ai demandé, après la séance, de préciser pourquoi autant de courroux ? Réponse : « Je ne comprends pas comment l’Union continue à parler d’une mission de soutien militaire alors qu’on nous affirme qu’elle ne pourra agir que sur requête de l'OCHA et qu’on sait que l'OCHA ne demande rien. (...) Nous avons l’obligation de mettre en application l’embargo depuis la première résolution du Conseil sécurité (1970) votée le 26 février. Qu'attend-on pour mettre en place une mission de surveillance ou d'observation aux frontières de cet embargo, type EUBAM ou EUMM ? »

Il faut répondre aux besoins et venir en aide rapidement à Misrata

M. Popowski nous répond que « les Etats membres sont très divisés. Je pourrais comprendre la réponse si Me Ashton avait pris une initiative, en vertu de ses pouvoirs de Lisbonne, ai proposé une mission et se soit heurtée au refus des Etats membres. Mais ce n'est pas le cas. Elle n'a pris aucune initiative. » Et l'eurodéputée de conclure : « Il faut répondre aux besoins quand ils existent, venir en aide à Misrata rapidement et de façon limitée, il ne faut pas attendre ».

NB : on peut remarquer la quasi-unanimité au sein de la sous-commission Défense, sur ce sujet, à l'exception de Geoffrey Van Orden, député Tory et ancien brigadier de la British Army, qui bataille régulièrement pour la destruction de la PeSDC avec un tel humour qu'il nous ravit à chaque fois qu'il prend la parole (même si je ne partage pas tout à fait... le fond de son discours).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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