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Le Nivose intercepte 22 pirates. Un navire de la “Royale” attaqué (maj3)

EquipVisiteSkiffPirateHelicoNivose-Eunavfor1003.JPG(BRUXELLES2) Une frégate française participant à l'opération européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta a intercepté et neutralisé, vendredi 5 mars, successivement, deux groupes pirates, dans le sud de l'Océan indien, entre Seychelles et Kenya, a annoncé le QG européen de Northwood et l'Etat-Major des armées.

Les pirates qui opéraient à partir d'un bateau-mère et de 2 skiffs avaient attaqué, plus tôt, jeudi, un navire français, le batiment hydro-océanographique Beautemps-Beaupré de la Marine nationale, 180 miles à l'est de Mogadiscio (selon la marine nationale) (*). Les sommations d'usage (radio, avertissement sonore et visuel) n'ayant pas donné d'effet, il a fallu que l'équipe de protection embarquée fasse des tirs de semonce pour que les pirates qui s'apprêtaient à monter à bord avec des échelles mobiles déguerpissent et rejoignent leur bateau-mère. Le navire a donné l'alerte aux forces présentes sur la zone. Un avion de patrouille maritime, basé aux Seychelles, les avaient repérés et suivis. Le chef de la force sur zone, le Rear Admiral italien Gumiero a alors décidé d'intervenir. C'est la frégate française, le Nivose, qui a été chargée de l'approche.

Au petit matin du vendredi, le Nivose a donc repéré les skiffs à 350 miles des côtes somaliennes (environ 2 Sud, 47 Est), et lancé son hélicoptère Panther et un RHIB avec une équipe d'intervention. Les suspects n'ont pas attendu leur arrivée : ils ont commencé à balancer par-dessus bord tout ce qui pouvait être une preuve de leurs forfaits (échelles, armes...). Un délestage observé par les marins français qui s'approchaient à grande vitesse. A l'arrivée, sur place, ils ont pu saisir les skiffs qui contenaient encore tout un attirail de piraterie, comme un lance-roquette (pas très utile pour la pêche !), des grappins et plusieurs fûts d'essence. Le bateau-mère et un des skiffs pirates ont été
détruits. Et les 11 pirates à bord appréhendés ont été transférés sur le Nivôse.
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Cela fait d'ailleurs plusieurs jours qu'entre Seychelles et Kenya, les pirates sont revenus, apparemment avec plusieurs bateaux-mères et skiffs. Une demi-douzaine de skiffs pirates avaient été repérés par les forces multinationales et l'alerte donnée aux navires croisant dans la zone. Un bateau de pêche espagnol, l'Albacan, a été attaqué dans des conditions analogues jeudi matin. Et deux autres, dont le thonier Intertuna II et le navire auxiliaire l'Artxanda Atunsa, ce vendredi matin. Un troisième, l'Intertuna III, a pu fuir. Il a fallu 30 minutes d'échanges de tirs pour que les pirates décrochent, selon les Espagnols. Un avion P3 Orion est également intervenu lançant des fumigènes. Des thoniers français ont également été attaqués.

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le bateau mère des pirates arrêté ce vendredi matin (crédit : Ministère français de la défense)

(mises à jour 18h/19h) C'est lors de ces dernières attaques que le Nivose a réalisé la deuxième opération de la journée. Sur ordre du commandement d'Atalanta, il s'est donc déporté de 90 nautiques vers le sud-est. Et le même procédé que dans la matinée s'est répété. Hélicoptère, approche par RHIB et intervention. « Deux skiffs et un bateau-mère ont été appréhendés avec 11 suspects à bord, un bateau-mère et un skiff ont été détruits », a précisé l'Etat-Major des armées.

Le Nivose détient 22 suspects à bord. La destination des pirates n'est pas encore connue. Il y a plusieurs hypothèses. Dans le premier cas, un bateau français était impliqué et un juge français pourrait être saisi. Mais il n'y aucun flagrant délit. Donc il sera difficile de traduire en justice les suspects. Et même si de très fortes présomptions pèsent sur ce groupe, notamment avec les vues aériennes, il n'y a pas de preuves formelles. Dans le second, les autorités seychelloises pourraient être saisies, au premier chef. Tout est là aussi question de preuves. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'à chaque fois, un skiff a été gardé intact par les marins du Nivose, afin de pouvoir remettre, le cas échéant, les intéressés à l'eau en bordure des côtes somaliennes.

(*) Le Beautemps-Beaupré est intervenu, en juillet 2009, à la demande de l'Etat-Major des armées sur l'accident d'avion de l'Airbus A310 de Yemenia Airways au large des Comores.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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