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Le retrait de Bosnie se prépare


(B2) La question de l'avenir de la présence militaire européenne en Bosnie-Herzégovine (Eufor Althea) entre désormais dans une phase cruciale. Les Ambassadeurs des 27 devraient se pencher sur la question, à nouveau, cette semaine. La décision devant ensuite être prise au Conseil des affaires générales de mars 2009 - après une réunion informelle des ministres de la Défense qui devrait en préciser les enjeux.

La question n'est plus faut-il se retirer et selon quel calendrier ? Mais : comment se retirer ? Et par quoi le remplacer ?
Comment éviter toute déstabilisation (supplémentaire) de la Bosnie-Herzégovine. Plusieurs Etats ont, en effet, annoncé qu'ils réduiraient, aussi tôt que possible leur engagement dans Eufor Althea. La France et l'Espagne avaient déjà annoncé qu'il était temps de mettre fin à cette mission (ce dès octobre dernier) et ont confirmé leur retrait ces dernières semaines. Ils sont maintenant rejoints par la Finlande et la Pologne (pour raison budgétaire). Même l'Italie - par la voix de son ministre de la Défense - a annoncé que si l'engagement en Afghanistan se prolongeait, il serait nécessaire de revoir à la baisse les autres terrains d'engagement de l'armée italienne (donc celui de la Bosnie). La situation est donc claire. A eux seuls ces cinq pays représentent presque la moitié des troupes engagées (Eufor Bosnie compte 2100 personnes venant de 28 pays, voir tableau). Ce qui signifie dans les faits que la décision de retrait est, désormais, inéluctable. "La planification d’une nouvelle mission qui puisse succéder à l’actuelle opération ALTHEA a commencé" au Conseil et est entrée dans une phase active. Car si pour nombre de pays si la nécessité du retrait ne fait aucun doute, la nécessité de "maintenir une présence visible de l’UE" est aussi importante. "Cette mission pourrait être une mission de conseil et d’entraînement au profit des autorités bosniennes" selon les autorités françaises. A noter que les coûts communs de l'opération se montent à 71,7 millions d'euros - les coûts des personnels et équipements sont supportés par chaque Etat participant.

Les forces présentes dans Eufor Althea (chiffres fournis par Eufor, 28 janvier 2009)

AUSTRIA 104 LITHUANIA 1
BULGARIA 117 LUXEMBURG 1
ESTONIA 2 THE NETHERLANDS 72
FINLAND 43 POLAND 200
FRANCE 89 PORTUGAL 53
GERMANY 135 ROMANIA 57
GREECE 45 SLOVAKIA 40
HUNGARY 162 SLOVENIA 30
IRELAND 54 SPAIN 309
ITALY 287 UNITED KINGDOM 10
LATVIA 2
Sub Total EU NATIONS 1,813
Non-EU NATIONS TROOPS IN THEATRE
ALBANIA 13 SWITZERLAND 25
CHILE 21 TURKEY 214
FORMER YUGOSLAV REPUBLIC OF MACEDONIA 12
285

Une des dernières actions d'EUFOR : la chasse au dernier Serbe criminel de guerre
Une des dernières opérations marquantes d'EUFOR a été un raid contre des possibles soutiens du dernier criminel de guerre serbe de haut rang en liberté, Radko Mladic, l'ancien chef militaire des serbes de Bosnie. Deux opérations simultanées ont été menées le 10 février au matin, dans les résidences de Milica Avram et Radinka Mladic, la soeur et belle-soeur de Ratko Mladic. Une opération conduite à la demande du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (ICTY) pour chercher des informations sur les possibles soutiens à l'ancien général. Opération soutenue par l'OTAN et la police serbe bosniaque. Une récompense pouvant aller jusqu'à 5 millions de $ - à laquelle s'ajoute 1 million $ promis par la Serbie - est promise pour toute information permettant l'arrestation de Mladic. Si celui-ci était finalement arrêté ou livré, cela enlèverait une sacrée épine du pied pour les pays tenant d'un retrait aussi rapide que possible (il signifierait l'accomplissement d'un des mandants d'EUFOR) en même temps que pour la Serbie et les 27 qui pourraient ainsi accélérer les préparatifs de l'adhésion à l'Union européenne. Le pays le plus important issu du démembrement de la Yougoslavie pourrait alors rejoindre très rapidement la Croatie sur la voie de l'intégration au reste du continent.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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