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Afrique Australe Centrale

Situation à Bangui : calme mais tendue, volatile et imprévisible (Gén. Ponties)

(crédit : Conseil de l'UE / Videotheque)
(crédit : Conseil de l'UE / Videotheque)

(BRUXELLES2) De retour de Bangui, le chef de l'opération militaire européenne en Rép. centrafricaine (EUFOR RCA), le général Ph. Ponties, a dressé ce jeudi (13 février) devant les ambassadeurs du Comité politique et de sécurité (COPS), puis devant la presse, un premier état des lieux de la situation sur place et du rôle de la future opération.

Un certain retour à la normale...

Le général a passé trois jours en Centrafrique. Et le constat qu'il dresse se veut réaliste, ni dramatisant, ni trop optimiste, très contrasté. La situation à Bangui est « globalement calme, tendue, volatile, et pour tout dire imprévisible ». Et il détaille. La situation est « calme. Car les fonctionnaires ont repris le chemin du bureau, les commerces rouvrent en dépit de pénuries visibles d’approvisionnement. Les rues sont peuplées de personnes affairées. (NB : ce qui est un bon signe). Il y a donc une vie sociale dans les rues de Bangui. »

... Mais de gros facteurs de tension

Parallèlement, la situation est tendue car « les populations musulmanes, qui se sentent menacées par les anti-balakas essaient d’aller vers le Nord ». La situation reste « tendue » aussi car les « anti-Balakas combinent des règlements de comptes, des pillages, des vols, des destructions de bien. Une des préoccupations majeures des autorités de transition est de tenter de mettre en place une position contre l'impunité. »

Les musulmans fuient

Sur les mots de "nettoyage ethnique" prononcés par Amnesty international, le général ne veut pas se prononcer préférant laisser cette qualification à d'autres. Il se concentre sur ce qu'il a vu lors de son passage. « En quelques jours à Bangui, je me garderai bien de tirer des conclusions générales et définitives sur tout le pays ». « Je suis passé dans 2 districts, l’un essentiellement musulman, l’autre mixte. Le district "musulman" était en train de se vider, la population essayant de rejoindre le Nord, en traversant des quartiers complets à dominante chrétienne, donc sous forte menace, ou essayant de rejoindre l'aéroport de M'Poko pour être évacuée par des avions tchadiens. J’ai traversé un quartier mixte qui, de fait, ne l'est plus car la partie musulmane s'est vidée de ces habitants. Et ne restent donc plus dans ce quartier que des populations à dominante chrétienne. »

Situation précaire dans le camp autour de l'aéroport : un défi majeur pour les Européens

Dans le camp de déplacés près de l'aéroport, la situation est pour le moins difficile. Entre 70 à 100.000 personnes vivent dans « des conditions extrêmement précaires ». Au niveau de l'hygiène, c'est particulièrement critique. Il y a une « seule latrine par 1200 personnes ». Et les autorités sont « vivement préoccupées par cette situation qui pourrait tourner à catastrophe sanitaire avec l’arrivée de la saison des pluies ». « L’amorce » d’un retour des personnes déplacés constituera donc « un défi majeur » pour les participants à l'opération EUFOR RCA, « dans son action de rétablissement de la sécurité » ainsi qu'un « défi humanitaire » pour les ONGs et organisations internationales. « Les acteurs humanitaires sont prêts à se mobiliser en coordination avec EUFOR RCA » a-t-il ajouté.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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