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L’opération EUFOR Tchad atteint sa capacité opérationnelle initiale

(BRUXELLES2) L’opération militaire européenne au Tchad et République centrafricaine (Eufor Tchad RCA) a atteint le 15 mars sa capacité opérationnelle initiale. Un passage symbolique, juridique et opérationnel d’importance. C’est en effet à partir de cette date que démarre le délai de 12 mois fixé par la résolution des Nations Unies (résolution n°1778) pour la présence de la force européenne chargée de protéger les réfugiés du Darfour et déplacés, ainsi que les ONGs, dans ces deux pays.

PRES DE 1700 HOMMES SUR PLACE

Sur les 3700-3800 hommes qui doivent être déployés, plus de 40% de la force nécessaire est déjà sur place, déployée ou en attente de l’être. Sont ainsi présents, selon un dernier décompte établi à l’Eufor, 1672 hommes venant de sept pays européens : 1035 Français (dont 200 établis en Centrafrique), 203 Suédois, 100 Italiens, 150 Autrichiens, 60 Irlandais, 60 Finlandais, et 20 Belges.

Un détachement de 19 hommes du Field Accomodation Unit (FAU) est, en effet, arrivé au Tchad le 14 mars. Ils se chargeront d'ériger un camp spécifique pour le quartier général de la force européenne (Eufor) près de l’aéroport dans la capitale tchadienne. « Une nécessité » explique un observateur qui a pu constater de visu la situation sur l’aéroport. « Entre le camp des militaires tchadiens, des militaires français de l’opération Epervier et ceux de l’opération Eufor, il y a une connexité troublante ». L’établissement d’un camp bien distinct permettra de mettre fin à cette confusion. « C’est une nouvelle mission qu’a accepté le gouvernement belge » m'a confirmé un porte-parole du ministère de la Défense belge.

En Suède, le gouvernement a finalement accepté, sur demande du Général Nash, de laisser sa force plus longtemps que prévu. Au lieu des 4 à 6 semaines prévues au départ — une durée, critiquée également en Suède, comme trop courte comparé au coût d’envoi d’une mission — le ministre de la Défense, Sten Tolgfors, a confirmé devant le Riksdag (le parlement suédois), le 5 mars, que la force suédoise restera jusqu’à fin août. La Gauche et les Verts auraient d’ailleurs souhaité que les soldats suédois restent au Tchad pour le reste de 2008 « jusqu'à ce qu'une force de l'ONU soit placée pour prendre la responsabilité de la sécurité ». Mais le ministre Tolgfors a rejeté cette demande comme peu réaliste, mentionnant qu'une prolongation de cette longueur coûterait plus de 300 millions de couronnes (environ 31,8 millions d’euros) contre un coût supplémentaire d’environ 46 millions de couronnes (environ 4,86 millions d’euros) pour cette prolongation.

PHASE D’INSTALLATION

L’Eufor est aujourd’hui « en phase d’installation. Les reconnaissances ont commencé depuis le 18 février » explique un responsable de l’Eufor. La mission des militaires européens s’exercera à partir des camps de base ou « camps décentralisés » de l’Eufor, avec des patrouilles, le prépositionnement de troupes et les moyens héliportés, la collecte information », explique un responsable de l’Eufor. Il existe douze camps de réfugiés et camps de déplacés. « On ne peut donc avec 3700 hommes avoir des hommes dans chaque lieu » où il y a des personnes réfugiées ou déplacées.

Entre 300 et 400 militaires européens sont actuellement stationnés dans la capitale N’Djamena, soit au quartier général de l’Eufor ou en transit. Le reste des effectifs (environ 1200) a déjà pris la direction de l’est, non loin de la frontière soudanaise : Farchana à l’est d’Abéché et à Abéché même. Le détachement français stationné à Birao (République centrafricaine) est passé, le 8 mars, sous commandement de l’Eufor. Il comprend une unité d’infanterie, une unité de génie et un hôpital de campagne.

PREMIER AVION « EUFOR »

Coté transports aériens, la force Eufor devait « toucher » son premier moyen autonome de transport, l’avion C130 portugais, le samedi 15 mars. Au niveau des hélicoptères, l’Eufor n’a pas encore de moyens propres mais dispose, en tant que besoin - confie un spécialiste militaire - des moyens héliportés des forces spéciales françaises » (Cougar).

Hélicoptères russes

La question des hélicoptères a, d’ailleurs été au centre des discussions entre Français et Russes, le 11 mars à Paris, lors d’un Conseil de coopération franco-russe sur les questions de sécurité. Après hésitation, les Russes ont ainsi officiellement confirmé leur participation à l’opération. "Le président a décidé qu'un groupe d'hélicoptères russes participeraient à l'opération au Tchad", a déclaré – à la sortie de la réunion - le ministre de la Défense russe, Anatoli Serdioukov. Entre six et huit hélicoptères Mi-8 ou Mi-17 pourraient ainsi rejoindre le Tchad. Reste à « fixer le cadre juridique » - et financier - de cette coopération, comme l’a précisé le Ministre des affaires étrangères russe, M. Lavrov. Du coté de l’Eufor, on est optimiste mais prudent souhaitant voir « concrétiser » aussi tôt que possible cette annonce politique.

(paru dans Europolitique, 15 mars 2008)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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