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Opération EUFOR Tchad. Le chef d’Etat-Major de l’UE s’explique devant les députés

(BRUXELLES2) Venu donner les derniers détails sur la situation au Tchad et l’avenir de la mission Eufor, le Général David Leakey, chef de l’Etat major de l’UE, a confirmé, devant la sous-commission défense du PE, le 14 février, que le « déploiement (aérien) de la mission avait repris dès mardi » et que le planning défini au départ « pourrait être tenu. « Nous avons perdu deux semaines. Mais le déploiement maritime via le Cameroun, tout comme les travaux sur l’aéroport d’Abêché, n’ont pas été interrompus » a-t-il précisé, ajoutant que le « général Nash espère déclarer la capacité opérationnelle initiale mi-mars, éventuellement fin mars. Soit un tout petit retard ».

Le mandat de la mission reste le même « protéger les populations civiles ». Et ce de façon neutre. « Il ne s’agit pas d’arrêter les rebelles ou des forces qui veulent déstabiliser le président Déby » a-t-il précisé. Mais avec la situation actuelle, notamment « avec 200 pickups de rebelles présents dans le sud-est du Tchad » — justement dans la zone où va se déployer l’Eufor — et « l’augmentation des pillages, nous allons devoir agir autrement ». « Nous allons sans doute porter davantage d’efforts sur les troupes d’escorte de nos convois et de ceux des agences humanitaires, et peut-être moins sur un environnement plus sûr dans ces régions. Il faudra attendre sans doute un peu de temps pour que les populations (déplacées) puissent rentrer chez elles ».

Au passage, le général Leakey a défendu le rôle des troupes françaises, ces derniers jours, sur l’aéroport de N’Djamena. « Garder l’aéroport est absolument vital. non seulement pour la sécurité mais aussi pour le développement économique du pays, ce quel que soit le président en poste. Il était donc naturel que la communauté internationale veille » à la sauvegarde de cet équipement « qu’il aurait fallu reconstruire sinon » a-t-il souligné.

MISE EN CAUSE DU SOUDAN

Insistant sur la neutralité de l’Eufor, le général Leakey a mis en cause nommément le président soudanais El-Béchir qui a « eu une grande influence sur le timing de l’attaque (des rebelles) et le matériel mis en œuvre ». Nous avons assisté « là une véritable tentative visant à empêcher l’activité internationale et, à l’Eufor notamment, de fonctionner correctement. » « Ce n’est pas dans l’intérêt des rebelles d’attaquer l’Eufor » a-t-il ajouté.

De façon plus générale, le chef d’Etat-major de l’UE a réfuté les remarques sur le retard pris dans la génération de forces pour Eufor Tchad. « Cela a pris le même temps que les autres opérations de 4e génération (Kosovo, Afghanistan…) » a-t-il énoncé. « En Europe, nous avons des troupes, des hélicoptères, de la logistique…. Ce n’est donc pas un problème militaire » a-t-il rappelé. « Mais dans certains pays, il y a un peut-être un problème de volonté politique (comme) aussi de capacité financière ».

(paru dans Europolitique, 15 février 2008)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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