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La situation est grave en Rép. Centrafricaine. Mais “wait a minute please”

(BRUXELLES) Le dernier communiqué de la Haute représentante de l'UE, Catherine Ashton, sur la République centrafricaine se veut un peu plus alarmiste que d'habitude... « I am alarmed by the deteriorating situation in Bangui and the escalation of violence there since March 22 » explique Catherine Ashton dans un anglais parfait (*). « The combined action of the African force MISCA and the French operation Sangaris is essential to contain the tension and to restore public order as soon as possible. The attacks against them are therefore unacceptable » ajoute-t-elle. « Viser des civils sur la base de la religion ou de l'ethnie » est fermement condamnable.

Un risque d'instabilité croissant

La Haute représentante condamne les violences contre la population civile, et le ciblage des civils sur la base de la religion et de l'ethnie, tout comme elle se montre inquiète du « continuel exode de parties de la population et d'un très large nombre de réfugiés en direction des pays voisins où les installations (d'accueil) ont atteint leurs limites ». De la même façon, la situation en Centrafrique présente aujourd'hui « un risque croissant pour le procesus de transition politique, l'intégrité territoriale du pays et la stabilité dans la région ».

Plein soutien à la MISCA et Sangaris... et toujours une intention européenne

Elle réitère le plein soutien à la MISCA comme à l'opération Sangaris dans leurs efforts pour stabiliser la Centrafrique. Mais elle reste très discrète sur la future opération européenne EUFOR Rca qui aurait déjà être due déployée sur le terrain. « The European Union intends to take its part in these efforts to bring back stability and security in Bangui and the rest of the country » indique C. Ashton.

Commentaire : Une conclusion assez laconique et plutôt faible par rapport aux engagements passés. Car l'intention a déjà été affirmée à plusieurs reprises et, ce, dès le sommet européen de décembre. Depuis les différentes étapes ont été franchies, notamment à travers la décision fixant le cadre de l'opération européenne EUFOR RCA, la constitution d'une force (qui n'est pas encore totalement terminée) et l'adoption des différents plans opérationnels. Il est ainsi symptomatique que le mot même de la force européenne ou d'EUFOR ne soit pas mentionnée. Cela signifie-t-il qu'au cabinet de la Haute représentante, on songe que cette opération ne sera pas déployée. On espère bien que, rapidement, cette intention se transforme en action...

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Le communiqué n'a été diffusé qu'en anglais, une langue officielle comme chacun le sait à la fois en Afrique francophone et qui est devenue la langue unique de la politique étrangère européenne 🙂

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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