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Afrique Ouest - Sahel

Le bataillon “Waraba” est formé. Il quitte Koulikoro. Mais sans tambours ni trompettes

La visite du général Camara, le MinDef malien, fin mai a symbolisé la fin de la formation du bataillon Waraba (crédit : EUTM Mali)

(BRUXELLES2) La formation du premier bataillon de 670 hommes de l'armée malienne  par les forces européennes est terminée. Et Koulikoro, le camp de formation, se vide. Les soldats sont en ce moment en train de repartir du camp pour une permission bien méritée, d'une dizaine de jours. Mais sans tambours ni trompettes... Le cérémonial envisagé un moment par les Européens a dû être annulé à la demande des autorités maliennes.

Une attestation de stage et non un diplôme

La remise des attestations de stages a eu lieu hier. La cérémonie a été un peu écourtée et beaucoup moins prestigieuse qu'envisagée au départ par les responsables européens. Un différend s'est fait jour en effet entre les militaires maliens et leur hiérarchie politique et militaire. Ils n'ont pas obtenu les primes ou avancements qu'ils pouvaient espérer. Le commandement malien - le chef d'Etat-Major de l'armée de terre - a donc demandé à EUTM d'annuler la cérémonie prévue qui devait se faire de façon solennelle avec la présence de nombre d'autorités et représentations diplomatiques. Le mot de "diplôme" n'est pas prononcé. Car au niveau malien, il a une signification précise. Qui dit formation, dit promotion de grade et augmentation salariale, ce auquel ne semblait pas prêt le commandement malien. Leur affectation n'est pas encore connue, du moins pas publiquement. On a parlé d'abord de Kidal. Mais ce pourrait être tout aussi bien Gao.

Des "Lions" qui peuvent être fiers

Ce bataillon "Waraba" a été un bataillon "test" pour les formateurs européens comme pour l'armée malienne. Il a aussi vu passé nombre d'officiels européens. J'ai compté pas moins d'une demi-douzaine de ministres qui sont passés sur place (français, allemand, espagnol, britannique, suédois...). Les instructeurs sont aussi très satisfaits de leurs "élèves", "enthousiastes", "engagés", "curieux", "intéressés"... Preuve de cette attention, on a enregistré à EUTM Mali qu'une seule défection ; ce qui est, somme toute, plutôt faible par rapport à toute formation. Lors de sa visite, le 30 mai dernier, le ministre malien de la défense, le général Yamousssa Camara, a fait part de sa satisfaction « On ne répétera jamais assez que l’accompagnement de l’EUTM a été bâti sur la base d’un constat : l’insuffisance de l’entraînement de nos unités. C’est ce qui a permis  d’élaborer ce formidable programme pour remettre à hauteur notre outil de défense pour reprendre le flambeau et faire en sorte que ce qui s’est passé ne se produise plus jamais ».

Une pause de quelques jours

Le prochain bataillon formé est en cours de sélection. Il devrait arriver d'ici la fin juin, aux environs du 24 juin selon nos informations, composé d'environ 500 hommes. Il proviendrait - comme le premier bataillon - de différents bataillons déjà constitués afin de faciliter la mixité et pourrait comporter également de nouvelles recrues. Cette pause est l'occasion aussi pour les formateurs de faire le point sur la formation, et d'ajuster la suivante. Certains formateurs rentrent au pays. Plusieurs pays participants (France, Nordiques...) ont, en effet, décidé d'effectuer une relève de leurs personnels. Les effectifs semblent assurés. Et même en surplus. « Nous avons plutôt plus d'effectifs proposés que d'effectifs nécessaires ou même tout simplement qu'on peut matériellement accueillir » confie à B2 un officier. Le camp de Koulikoro comporte en effet un nombre limité de bâtiments en dur.

Soutien médical externalisé

Du coté des deux éléments sensibles de la mission — la force protection et le soutien médical — la question semble aujourd'hui réglée. Un nouveau pays contributeur a fait une proposition : les Pays-Bas qui pourraient offrir un peloton/section de 30 ou 40 militaires qui viendra ainsi épauler l'offre belge et permettrait ainsi de pallier le départ envisagé des Français. Du coté des hélicoptères d'évacuation médicale (Medevac), la solution retenue est celle du recours à une société externe, comme annoncé par B2 récemment. Mais un peu de retard pourrait être. Le financement nécessaire n'a, en effet, pu être approuvé au comité Athena que fin mai et non fin avril comme escompté (du fait d'un blocage britannique essentiellement. Les hélicoptères Medevac belges pourront alors rentrer au pays, avec quelques jours de décalage, au besoin sur la date prévue (fin juin).

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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