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Comment 27 consulats danois ont été rayés de la carte ….

(BRUXELLES2 à Copenhague) En quelques semaines, le Danemark a perdu 27 points consulaires dans le monde réparties dans plusieurs régions du monde (*). L'Allemagne, la Finlande et la France ont en effet annulé les accords qu'ils avaient avec le Royaume pour traiter les demandes de visas. En pleine présidence danoise, cela fait "tâche". La nouvelle ministre de la Justice Morten Bødskov a promis de régulariser rapidement le problème qui remonte à la pratique suivie par l'ancien gouvernement, comme l'explique l'hebdomadaire danois CopenhagenPost.

A cause de Schengen

Cette situation anachronique semble, en effet, la conséquence de la politique de durcissement de l'immigration voulue par le précédent gouvernement (conservateur-centre droit) qui a, apparemment, froissé nombre de ses partenaires. Le Danemark qui n'a pas de représentation dans tous les pays a, en effet, passé des accords avec plusieurs pays européens pour qu'il assure à sa place et sur place les demandes de visas pour le Royaume. L'année dernière, le ministre de l'immigration a ainsi exigé de ses partenaires qu'ils fassent suivre les demandes de visas à la police danoise pour examen spécifique par rapport aux règles nationales de sécurité. En pratique, cependant, cela contrevenait légèrement aux règles fixées dans les accords de Schengen. Mais surtout, cela alourdissait concrètement les tâches des agents consulaires des pays européens qui travaillaient pour le compte du Danemark.

La réaction n'a pas tardé. L'Allemagne et la Finlande d'abord ont refusé cette nouvelle procédure. Et l'accord a été annulé par le gouvernement danois. La France a également demandé l'annulation de l'accord. Comme l'explique Eric Bosc, porte-parole du Quai d'Orsay dans le quotidien Politiken. « Nos amis danois ne voulaient pas nous laisser prendre des décisions. Ils demandaient de leur transmettre les dossiers avant décision. Cette procédure est vraiment trop difficile à suivre pour nous ».

Remédier rapidement au problème

Une situation catastrophique au niveau politique pour le nouveau gouvernement danois qui doit assurer, ce semestre, la présidence de l'Union européenne. Et qui pose nombre de difficultés aux différents partenaires du Danemark dans les pays concernés, au plan économique comme touristique.  Certes la liste des pays concernés ne compte pas de "grands pays" (*). Mais cela prive néanmoins le Danemark de sérieux moyens dans des zones sensibles au plan économique (Qatar, Bahrain, Pérou, Tunisie...) comme politique ou humanitaire (Libye, Tunisie, Nigeria, Belarus...).

La ministre de la Justice, Morten Bødskov, a ainsi promis de résoudre ce problème "techniquement" rapidement. Les accords anciens pourraient être rétablis. Ce qui devrait prendre encore quelques semaines ou mois.

(*) Ces postes sont réparties dans plusieurs zones géographiques : Caraïbes (République dominicaine, Haïti, Sainte-Lucie) - Amérique du Sud (Paraguay, Pérou) - Afrique (Botswana, Cameroun, Tchad, République Centrafricaine, Libye, Mauritanie, Namibie, Nigeria, Tunisie) - Moyen-Orient (Bahreïn, Qatar, Yémen) - Océan Indien (Maurice, Seychelles) - ex républiques soviétiques et Asie centrale (Arménie, Bélarus, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Mongolie) et Chypre.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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