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L’Airbus A400M: les alternatives ? Keine ! (dossier)


(BRUXELLES2) L’Airbus 400M est, à la fois, un appareil à la fois stratégique et tactique, qui souffre difficilement la comparaison.

Le seul concurrent potentiel est (était) l’avion ukrainien, l’Antonov 70

Mais la première sortie en série est prévue seulement pour 2011, avec montée en puissance de 2013 à 2022. Et de nombreux incidents techniques et commerciaux ont marqué sa production : collision en vol du premier prototype en 1995, atterrissage forcé du deuxième prototype en 2001, abandon du programme par les Russes (qui avaient commandé 164 avions).

La seule alternative « disponible » est donc d’avoir une flotte mixte : stratégique (composée par exemple de Boeing C-17 ou d’Antonov An 124, voire du futur avion multirôle Airbus A330-220) et tactique (Lockheed C-130J). D’autres avions tactiques existent aussi sur le marché (Casa 235 ou Casa 295, Alienia C-27J…) mais ils ont une capacité d’emport beaucoup plus limitée – au moins pour les matériels.

La solution mixte a un avantage

L’Antonov An 124 comme le C-17 permettent de transporter des matériels plus lourds ou volumineux (chars). Mais un grave inconvénient : elle oblige à entretenir deux types d’avions différents, à former des pilotes sur deux avions et, surtout, en opérations oblige à une rupture de charge (transfert d’un avion ou un autre qui oblige à avoir du personnel, du matériel et du temps disponible). Le prix d’achat de ce type de matériel n’est pas non plus négligeable et revient grosso modo au prix de l’Airbus A400M pour des appareils de conception plus ancienne. A terme, elle est aussi plus onéreuse et moins opérationnelle.

Keine Alternativ ?

Enfin, et ce n’est pas le moindre des enjeux, derrière le côté opérationnel, se profile l’enjeu stratégique industriel et l’enjeu politique. Un nouvel avion permet de se positionner et de rester sur le marché, d’investir dans la recherche et technologie, qui peut servir à d’autres programmes, d’avoir un poids de décision sur le programme. En achetant un appareil existant, ce poids diminue et l’investissement est en partie faits à « fonds perdus ». Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’interrogé par ses parlementaires sur l’existence d’une solution alternative, le gouvernement allemand a répondu : « Keine » (aucune).

(photo : Wikipedia - l'Antonov 70)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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