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Traité de Lisbonne: vers un “accord de Prague” ?

(BRUXELLES2) La crise en Géorgie pourrait contribuer à décrisper la situation sur le Traité de Lisbonne. On savait le président polonais Lech Kaczynski réticent à parapher le texte déjà approuvé par le Parlement. Et en république Tchèque, Vaclav Klaus, le président, et son parti au pouvoir, l'ODS, jouaient toutes les manoeuvres de retardement. La situation semble se débloquer. Et dans les couloirs du sommet européen, le 1er septembre, quelques petits conciliabules bilatéraux devraient se tenir sur le sujet.

La guerre en Géorgie propulsent d'autres priorités

Sur le fond, la situation a évolué et propulsé au premier plan certains sujets. Les dispositions sur la sécurité énergétique comme le renforcement de la politique étrangère et de défense et la clause de solidarité sont des arguments qui font ainsi désormais "mouche" dans les deux pays et apparaissent comme une "super-priorité". Partout dans les pays, la nouvelle donné causée par la guerre en Géorgie avec la Russie oblige à passer sur les petits points d'irritation nationale pour aller à l'essentiel : il faut une Europe plus unie, plus visible, plus réactive sur certains points : l'énergie, la défense, la politique extérieure. Ce que justement permet le Traité de Lisbonne.

Et des évolutions politiques surviennent dans les pays "bloquant"

Sur la forme, aussi, on assiste à des évolutions de stratégie. Pour des raisons différentes.

En Pologne, Lech Kaczynski a décidé d'être moins "rugueux", moins "extrême", de mieux faire valoir son image sur la scène politique intérieure. Il est d  "soigné aux petits oignons" par la présidence française de l'UE. Nicolas Sarkozy lui a par exemple envoyé une invitation à venir au sommet européen, alors que son Premier ministre, Donald Tusk, entendait y aller seul... Ce qui a foutu un beau bazar au gouvernement. Mais a ravi le président tout heureux de pouvoir aller à Bruxelles.

En République tchèque, Vaclav Klaus peut être rassuré : il devrait pouvoir présider l'Union européenne au 1er semestre 2009 - selon le bon vieux système de présidence tournante du Traité de Nice. La Cour constitutionnelle a d'ailleurs annoncé s'être mis au travail et pouvoir donner une réponse dans le courant du mois. Y voir une accélération des travaux n'est qu'un hasard de circonstance.

Vers un accord de Prague ?

Reste l'inconnue irlandaise. Il s'agit là de rompre avec les premiers propos vindicatifs du "seul contre 26" "vous devez revoter", etc... Les experts travaillent, concrètement, de façon discrète, sur un système de déclarations ou d'accord partiel qui permettrait de donner une sorte d'opt-out à l'Irlande sur certaines questions-clés, notamment en matière de défense, ou de droit de la famille, et justifierait un nouveau recours au référendum avec un appel à voter Oui. Mais pas avant 2009, dans l'hypothèse optimiste... En attendant, les 26 pourraient anticiper, ou mettre en oeuvre certaines dispositions du Traité.

(NGV)

(article publié à l'origine sur le blog "europesociale")

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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