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Alerte au terrorisme : les USA s’invitent à la réunion de l’UE, le SitCen renforcé

Crédit : Conseil de l'UE

(BRUXELLES2) Le format de la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, tenu jeudi (7 octobre) à Luxembourg — avec la présence surprise de la sous-secrétaire d'Etat américaine à la sécurité intérieure, Jane Holl Lute — était exceptionnel en soi. Surtout avec un tel sujet sur la table : le terrorisme. Et quels que soient les commentaires ou les appréciations de l'alerte donnée par les Etats-Unis, il donne à celle-ci une crédibilité supplémentaire, une légitimité politique. Même si le risque réel reste à évaluer, le message valait le coup d'être écouté. Car il indique, selon les informations recueillies, que 25 personnes, de nationalité européenne, formées en Afghanistan ou au Pakistan, sont arrivées ou vont arriver sur le sol européen avec l'intention de commettre des attentats. Une nouvelle plutôt inquiétante à plusieurs points de vue.

Le SitCen renforcé et des réunions UE-USA régulières

Les 27+1 ont convenu de certaines décisions pratiques. Tout d'abord, régulièrement (au moins une fois par an), une réunion se tiendrait dans ce format UE+USA. Ensuite, les 27 veulent renforcer l'échange d'informations entre eux sur les niveaux d'alerte à travers le SitCen (le centre de l'intelligence service de l'UE). Actuellement, il y a des échanges d'information, mais uniquement sur base bilatérale ; là, l'objectif serait de faire de permettre quand un Etat rehausse son niveau d'alerte ou le descend, d'en avertir au préalable les 26 autres Etats membres. La signalétique d'alerte sera également revue afin qu'elle soit commune à tous les Etats ; couleurs, niveaux d'alerte chacun y va de sa petite note qui fait qu'il est difficile de comprendre.

Des différences d'appréciation politique et pratique...

Il y a une différence fondamentale d'appréciation politique entre les Etats-Unis et les Etats européens. D'où cette sensibilité différente d'un bord à l'autre de l'Atlantique. Ce n'est pas uniquement une question électorale. Aux Etats-Unis, l'information sur le risque terroriste est une obligation du gouvernement, et prendre à la légère une alerte peut coûter, demain, son poste aux différents responsables politiques, au plus haut niveau. Les principaux gouvernements européens ne sont pas astreints à cette obligation liée à leur opinion publique. Au contraire, celle-ci se satisfait en général d'une relative discrétion sur ces sujets-là. Ajouté à cela que dans certains pays comme l'Espagne, la France ou le Royaume-Uni, depuis 2004-2005, l'alerte est permanente. Le plan vigipirate est ainsi resté au "Rouge" depuis les attentats de Londres. Et cela fait bientôt presque 20 ans que les militaires patrouillent dans les principales gares et lieux publics symboliques de la capitale (même si l'efficacité de ces patrouilles est proche de zéro).

(1) Lire également : l'aveu d'un échec sur l'Afghanistan

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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